Le quartier montréalais de Milton-Parc, parfois appelé « ghetto McGill », est souvent associé au clivage entre deux populations coexistant dans un même espace, mais interagissant peu : il y a le Milton-Parc des riverains, composé des ménages qui y sont installés de longue date, et le Milton-Parc des étudiants sans cesse renouvelé par la succession des cohortes universitaires. Cet article revient sur un travail d’observation et d’entretiens mené dans le quartier en 2019. Face aux conflits de proximité suscités par les pratiques transgressives étudiantes (en particulier les débordements lors des fêtes et l’accumulation et le mauvais tri des ordures ménagères), nous proposons que les « normes pratiques » de la régulation se caractérisent par une tolérance relative face aux écarts des étudiants. Cette tolérance prend appui sur des représentations morales du quartier perçu comme zone proprement étudiante justifiant des formes de régulation adaptées aux styles de vie de cette population. Même s’il peut arriver que les riverains aient recours à la loi, cette tolérance relative et les modes de régulation qui en résultent reposent sur une tendance à l’indulgence pour des pratiques assimilées à la « culture étudiante » ou à la « jeunesse », à même de susciter des projections intergénérationnelles chez les riverains.
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