RésuméLa crise de mai-juin 1968 en France a fait l’objet de multiples interprétations qui tendent à en privilégier les conséquences supposées ou les origines. Contre ce double évitement de l’événement, il convient de revenir à la conjoncture elle-même et à ce qui en constitue l’énigme : la désectorisation et la synchronisation des mobilisations, notamment étudiantes et ouvrières. Les acquis de l’historiographie, des sciences sociales et de la sociologie des crises politiques invitent à reconsidérer le poids des logiques de situation dans les phénomènes de radicalisation et les effets qu’exerce un contexte instable et incertain sur les acteurs mobilisés. Il reste que l’événement n’est pas arraché à l’histoire et que le présent de la crise est aussi fait de réemplois du passé. Aussi une sociohistoire du temps court a-telle vocation à penser ensemble histoire événementielle et histoire structurelle. La désectorisation puis la normalisation du jeu politique apparaissent dès lors comme le produit complexe, advenu mais non nécessaire, de jeux d’échelle multiples liant propriétés de la fluidité politique et mutations antérieures, intrigue nationale et intrigues locales.
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