L’étude de l’expertise psychiatrique judiciaire doit-elle être abordée à partir de la problématique de la récidive ? À partir d’un commentaire d’un article de Samuel Lézé, nous soulignons deux confusions à l’œuvre dans le débat politico-médiatique actuel : entre les figures du fou et du criminel monstrueux, d’une part, entre l’évaluation de la responsabilité d’une personne en proie à un possible trouble mental et celle d’un éventuel passage à l’acte qui n’est pas nécessairement criminel, d’autre part. Ces confusions, qui se nouent autour de la notion équivoque de dangerosité, tendent à occulter les enjeux de l’expertise tels que se les formulent les professionnels, avec leurs limites propres. Should the study of psychiatric expertise be addressed through the problem of recidivism? Commenting an article of Samuel Lézé, we propose to analyze two confusions in the French political and journalistic debate: first, between the « madman » and the « monstrous criminal », and second, between two requests addressed to experts: the assessment of a maybe mentally suffering person’s responsibility and his possible but not necessarily criminal acting out. We suggest that these confusions, formed around the ambiguous notion of dangerousness, are occluding the actual questions met by professionals, with their own limits
Résumé Depuis la fin des années 1990, de nombreux acteurs sociaux dénoncent une tendance de la justice pénale à responsabiliser des personnes présentant des troubles psychiques graves et ayant commis des infractions. Qu'en est-il vraiment ? Quelle est l'implication des experts psychiatres commis par les juges dans cette évolution ? Sur la base d'un matériau d'enquête varié, combinant l'analyse des chiffres du ministère de la Justice et l'exploitation qualitative d'expertises depuis les années 1950, cet article dresse les principales évolutions de la pratique psychiatrique en justice confrontée à la question de la responsabilité des malades mentaux.
Comment se fait-il qu’il y ait tant de malades mentaux en prison ? L’interrogation n’est pas nouvelle et pourtant le phénomène est loin de se réduire : est-ce faute de dépistage ? Ou est-ce que l’expertise psychiatrique elle-même ne tendrait pas à orienter vers la prison certaines catégories de malades mentaux ? Le déclin des déclarations d’irresponsabilité pénale coïncide en effet avec un mouvement de responsabilisation des malades, et avec l’apparition de dispositifs hybrides entre l’hôpital psychiatrique et la prison.
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