Comment se dire, se raconter si l’histoire ne se conjugue qu’à un seul temps sans savoir s’il s’agit du présent, du passé ou de l’avenir ? Quelle histoire de vie peut livrer une personne âgée malade d’Alzheimer et comment la transmettre lorsque la mémoire, la temporalité et les mots s’échappent ? Sans mésestimer la réalité de l’atteinte neuro-cognitive, l’attention portée sur la dimension affective et les autres modalités d’expression du langage, tel que le corps, se révèle précieuse et dit quelque chose de la qualité de l’investissement narcissique et objectal à partir desquels s’étaye la prise en charge. La redondance parfois contenue dans le discours décousu d’une personne âgée malade questionne sur la valeur de ces éléments répétitifs : indices précieux d’identité préservée ou au contraire signes d’identité figée menaçant une subjectivité fragile.
Le processus de démentification provoque de nombreuses pertes, cognitives mais également psychiques qui désorganisent le Moi et rendent les défenses moins opérantes. L’identité est également mise à mal. L’angoisse suscitée par la perte du sentiment de continuité de soi survient tel un traumatisme sur le Moi fragilisé. L’auteur propose une situation clinique d’une femme de 91 ans souffrant de démence pour illustrer les effets traumatiques d’une telle angoisse : une temporalité psychique en suspens, induisant une expression corporelle de l’angoisse ; un rôle défensif de la répétition de cette angoisse ; et enfin, une réponse thérapeutique par l’utilisation du Moi auxiliaire du thérapeute et par un travail sur les limites dans le but de restaurer l’identité de la patiente.
Résumé En institution de soin, les transmissions font partie intégrante du travail de tout professionnel, le psychologue ne faisant pas exception. Véritable injonction paradoxale, ce dernier a fort à faire pour réussir à transmettre une information à ses collègues qui soit respectueuse de l’intimité et du secret propre à sa fonction, mais également porteuse de sens et alimentant le travail de réflexion commune à l’équipe. Après avoir proposé une réflexion sur le cadre des transmissions, les auteures s’intéressent aux enjeux identitaires et identificatoires que revêt la question des transmissions.
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