Mots-clés : Dépendance -Conciliation vie professionnelle et familiale -Solidarité familiale.Cet article analyse l'organisation temporelle des aidants familiaux à partir des calendriers de l'aide apportée au cours d'une semaine par les enfants aidant un de leurs parents dépendants. Les résultats montrent que les modes d'organisation quotidiens des aidants de la génération « pivot » -c'est-à-dire les parents qui sont sollicités par leurs parents âgés et qui ont encore des enfants à charge -dépendent de leur situation professionnelle, de la proximité géographique avec le parent aidé et de l'état de santé de ce dernier. En outre, l'étude fait apparaître qu'en matière de dépendance, la question de la conciliation se pose de manière élargie, les aidants familiaux devant articuler à la fois temps familial consacré aux ascendants, temps familial consacré aux descendants et vie professionnelle.L e maintien à domicile des personnes âgées dépendantes est un objectif affiché de la politique de la dépendance en France. Il repose « implicitement sur une aide informelle toujours disponible » compte tenu du coût que représenterait un maintien à domicile reposant exclusivement sur des aides formelles (Barbe, 2010). Les projections démographiques sur l'entourage potentiel des personnes âgées permettent d'envisager cette option. En effet, d'après l'enquête européenne Felicie (Future Elderly Living Conditions in Europe), alors que d'ici 2030 le nombre de personnes âgées dépendantes de 75 ans et plus devrait augmenter de plus de 80 % en France (1), au sein de cette population la progression du nombre de personnes âgées ayant potentiellement des aidants (enfant et/ou conjoint) sera plus forte que celle du nombre de personnes âgées sans aidant potentiel (Gaymu et al., 2007) (2). En outre, l'opinion publique partage largement l'idée que les proches, notamment les enfants, doivent prendre en charge leurs parents vieillissants : interrogés dans l'enquête Études des relations familiales et intergénérationnelles, 68 % des Français pensent que les enfants sont responsables de la prise en charge de leurs parents si ceux-ci en ont besoin.En France, d'après l'enquête Handicap Santé auprès des « aidants informels (3) » (HSA) (encadré p. 32), les enfants sont, avec les conjoints, les principaux pourvoyeurs d'aide non professionnelle auprès des personnes âgées dépendantes (Weber, 2010). La notion d'« aide » est ici entendue dans un sens large : elle recouvre aussi bien les tâches de soin (aider à s'habiller, se laver, manger…), que le soutien moral apporté par une visite. L'enquête estime que 2,2 millions d'enfants aident, en raison d'un problème de santé, leur(s) parent(s). Pour la plupart encore actifs, ils ont souvent à leur charge leurs propres enfants soit parce qu'ils vivent encore à leur domicile, soit parce qu'ils les aident dans leur début de vie active. Appelés communément génération « pivot (4) », ou génération « sandwich », car susceptibles d'aider à la fois leurs parents et leurs enfants et parfois petits-enfants, Sylvie Renaut Politi...