Depuis la fin du xixe siècle, la question des liens entre les produits agro-alimentaires (ici, les fromages) et leur espace de production se pose toujours avec plus d'acuité. Elle est étroitement liée à celle de la propriété de leur dénomination de type géographique. La revendication de ces liens fait l'objet de nombreux débats qui mobilisent des savoirs géographiques, notamment lorsqu'il s'agit de délimiter l'aire de production. Il est ainsi souvent question de «terroir». La multiplicité des définitions et des rôles que l'on assigne à cette notion reflète la complexité des enjeux associés aux produits agro-alimentaires à dénomination géographique.
Associer productions animales et végétales conférerait des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux aux exploitations par rapport à la spécialisation. Malgré ces intérêts potentiels, les exploitations de polyculture-élevage sont en déclin en U.E., en lien notamment avec un fort besoin de main-d’oeuvre pour combiner cultures et élevage et peu d’incitations politiques. L’objectif de cet article est de montrer en quoi les grandes cultures et l’élevage entrent en concurrence dans les territoires où ils cohabitent et de proposer des leviers d’actions pour favoriser des synergies. Pour cela, nous éclairerons la diversité des bouquets de services fournis par les systèmes de polyculture-élevage dans les territoires où cohabitent grandes cultures et élevage. Une analyse transversale de trois cas d’étude français (Montmorillonnais, Bresse et Tarn-Aveyron) montre que l’élevage est plus ou moins concurrencé par les grandes cultures en fonction des contextes locaux. Cette analyse nous permet de faire émerger i) des contraintes et opportunités pour la polycultureélevage, ii) des leviers d’action pour favoriser les synergies entre grandes cultures et élevage pour mieux gérer les compromis entre services dans les exploitations et les territoires. Au niveau des exploitations comme des territoires, les systèmes de polyculture-élevage offrent de nombreux leviers techniques pour favoriser la transition agroécologique. Tout d’abord, le chargement animal doit être adapté au potentiel des terres disponibles pour favoriser le lien au sol. Une réelle intégration entre grandes cultures et élevage permet d’augmenter l’autonomie des systèmes en intrants par deux leviers principaux : la diversification des assolements et des rotations et via la fertilisation organique des cultures et prairies. Aussi, une simple cohabitation de grandes cultures et d’élevage ne permet pas d’atteindre des objectifs agroécologiques ni au niveau des exploitations, ni au niveau des territoires. Des systèmes cultureséleevage gagnants-gagnants intégrant agroforesterie ou agriculture de conservation peuvent ouvrir de nouvelles pistes. Au niveau des territoires, les échanges entre céréaliers et éleveurs peuvent être considérés. Des voies d’améliorations organisationnelles et des choix politiques sont susceptibles d’accroitre les interrelations entre cultures et élevage au niveau de l’exploitation et du territoire.
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