Comptes rendus 219 commenter. La même figure de l'enroulement se trouve ensuite mise au jour dans les Phéniciennes : le passage où Jocaste, s'adressant à Étéocle, prend pour exemple la règle des échanges célestes (v. 541-548), la description des guerriers lors de la teichoscopie et celle des éléments figurant sur les boucliers au quatrième épisode. L'auteur conclut sur l'intertextualité avec Eschyle et la réécriture des Sept contre Thèbes, en étudiant le réinvestissement développé des éléments liés au ciel. Enfin, le dernier article est de la main de Jacqueline Assaël elle-même, qui s'intéresse à « L'Éther initiatique dans l'Andromède d'Euripide », en travaillant sur les fragments de cette pièce perdue. La dimension initiatique de la pièce se trouve confortée par l'étude des références aériennes. Le ciel est un élément important dans la pièce : Andromède enchaînée, immobilisée, l'évoque et l'invoque ; il s'agit de l'espace lié à Persée, son sauveur, qui viendra par les airs, chaussé des sandales ailées d'Hermès ; et, à terme, c'est le lieu qui les accueillera tous deux, lors de leur transformation en constellations (le katastérisme). Ce trajet faisant passer les personnages par des épreuves, dont ils sont délivrés pour parvenir à un destin immortel, calque celui de l'itinéraire initiatique. D'autres éléments viennent conforter la lecture : la présence de l'Écho comme forme dégradée de l'être, l'étude du vocabulaire "mystérique" lié au ciel, le parallèle avec le mythe platonicien de la caverne, en particulier la progression spatiale et symbolique vers la dissipation de l'illusion, vers le réel. L'auteur souligne également l'importance du rôle de l'Amour libérateur, lié à la pensée orphique, et la symbolique de la jeune fille assimilée au rocher, relevant donc du domaine terrestre et évoquant l'image de l'union de l'âme et du corps avant leur dissociation. En somme, la « conquête imaginaire des espaces aériens » n'est autre qu'un moyen « pour vaincre le tragique » de la condition humaine (p. 169). L'auteur conclut sur le soin qu'Euripide met à décrire l'Éther dans les évocations du vol de Persée, qui devient une véritable substance dense et physique, provoquant un plaisir particulier lors du vol, avec une grande poésie. Elle l'érige comme principe pour souligner la vertu poïétique du texte : les sensations produites par la poésie des images doivent venir toucher les spectateurs par d'autres biais que l'intellect.