Introduction : les dimensions globales de la Grande Guerre 1 À l'image de la ténuité des historiographies soviétique puis russe ou turque de la Première Guerre mondiale, l'Asie centrale coloniale-le Turkestan russe à l'époque 2-n'a pas encore fait l'objet d'une analyse de cette période en tant que telle. Outre le fait que, comme le remarque à juste titre Kees Boterbloem au sujet de la Russie, une guerre perdue suscite difficilement l'engouement de la recherche nationale ou une quelconque commémoration 3 , la quasi-absence de travaux qui croiseraient « Grande Guerre » et « Turkestan » s'explique aussi par le fait que le découpage chronologique 1914-1918 et la perspective eurocentrée souvent adoptée n'ont que peu de pertinence pour appréhender les réalités et les dynamiques historiques que ces régions traversent au même moment ou, plus tard, les enjeux mémoriels qui s'y jouent. Côté soviétique et post-soviétique, la « guerre impérialiste », illégitime, n'est considérée par les historiens et les officiels que dans le sens où elle s'impose comme le berceau révolutionnaire de Février 1917 mais surtout d'Octobre 1917, et comme un 1 Je remercie chaleureusement Xavier Hallez, Alexandre Morrison, Niccolo Pianciola et Pierre Purseigle, pour leurs relectures et leurs commentaires riches et précieux. 2 Les structures administratives et territoriales de l'Asie centrale à l'époque coloniale sont assez complexes et fluctuantes dans le temps. Quels que soient les restructurations et découpages administratifs, le Turkestan russe est une province militaire créée dès 1865, avec à sa tête un gouverneur, qui dépend directement du ministère de la Guerre. L'émirat de Boukhara et le Khanat de Khiva n'entrent pas dans les limites du Turkestan et sont des protectorats russes jusqu'à la révolution d'Octobre. Pour plus de détails, voir Svetlana Gorshenina, Asie centrale : l'invention des frontières et l'héritage russo-soviétique,
La politique chinoise d’enfermement et de rééducation des populations musulmanes du Xinjiang, dont les images satellites révèlent une intensification entre 2016 et 2019, pourrait concerner jusqu’à 3,5 millions de personnes, malgré une estimation difficile. Le génocide, tel qu’il a été établi par le Tribunal ouïghour, ne fait plus de doute.
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