En quoi certaines fêtes ont-elles aujourd'hui une dimension régionale ou micro-régionale ? En quoi sont-elles attachées à un espace relativement vaste, que celui-ci soit leur aire de célébration ou d'attraction, ou encore de référence pour des revendications culturelles ? En quoi, dans quelques cas, se présentent-elles comme des vitrines pour des revendications d'ordre politique ou des substituts de manifestations ? Comment le public régional se caractérise-t-il ? Issus d'observations dans les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse (2000 et 2001 essentiellement), les exemples présentés s'ordonnent, en réponse à ces questions, selon un élargissement du territoire de référence, et des connotations revendicatives de plus en plus nettes mais peu soutenues par la population. C'est ainsi qu'à partir de l'espace, on en vient à s'intéresser à de nouveaux acteurs, en particulier le Conseil régional et deux mouvements oeuvrant pour une forme de «provençalophonie» exclusive dans le contexte européen. Saint-Marcel de Barjols (célèbre comme «fête des tripettes») et fête de la «tarasque» (Tarascon), «bravade» et transhumances festives, Saint-Eloi et feux de la Saint-Jean, fêtes de la Durance ou du militantisme linguistique font l'objet de développements spécifiques. L'article s'achève quasi obligatoirement en s'interrogeant sur la représentation de la population issue de l'immigration nord-africaine.
Le volontarisme culturel provençal est examiné au fil d’un siècle à partir de la notion de « frontières » géoculturelles ou sociales et de l’exemple du vêtement local. L’auteur montre d’abord l’endo-ethnographie en train de construire, assez loin de la réalité dont elle est censée rendre compte, sa propre géographie du costume. Il s’arrête ensuite sur des moments où le volontarisme culturel et le domaine politique interfèrent. Une première coupe est proposée avec l’analyse de la notion de « pays d’Arles », recouvrant l’aire vestimentaire, telle qu’elle est développée dans le cadre du régime de Vichy. Une seconde est fournie par une observation de terrain au moment des élections municipales de 1995. Des mainteneurs de tradition s’interrogent sur l’accès au costume de deux jeunes beurs intégrées dans un groupe folklorique.
Comment la «(sur) provençalisation » d’une fête s’opère-t-elle ? Quel est l’intérêt de ce genre de question ? Passant par un changement d’échelle, l’observation met en évidence un marquage conventionnel, presque mécanique, et enseigne que l’emprise du militantisme mistralien dans ce domaine se complique en raison de divisions internes consommées en 2000. Il en résulte que l’objet festif se présente comme une ressource documentaire appréciable sur les revendications linguistiques.
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