Lorsque les premiers missionnaires jésuites arrivent à Luanda, en 1559, la région connaît de fortes tensions entre le roi du Congo, Diogo Ier, et le ngola qui souhaite s’émanciper de la tutelle congolaise. Francisco de Gouveia fit partie d’une ambassade portugaise composée d’un autre prêtre jésuite, de deux frères et du futur gouverneur de la colonie d’Angola, Paulo Dias de Novais. Les quatre missionnaires qui accompagnaient l’ambassadeur ont laissé des témoignages divers sur cet épisode des relations avec le ngola. António Mendes est l’un des deux frères et a laissé deux lettres. Celles-ci relatent de façon détaillée le banquet organisé par le ngola en 1559 pour la réception de l’ambassade portugaise. De l’emplacement des convives au partage commun de vin de palme, António Mendes fournit de précieuses informations sur l’histoire des festins royaux du Ndongo à la fin du xvie siècle. Je propose de dresser un tableau comparatif des deux documents, en dégageant les déformations et les inexactitudes qu’ils comportent. J’apporte dans un premier temps des éclaircissements sur les causes des contradictions qui ont lieu entre des documents écrits et destinés aux mêmes acteurs, à seulement quelques mois d’intervalle. Ce premier volet méthodologique permet de tirer des conclusions plus larges sur les savoirs fragmentaires qui caractérisent les sources coloniales de l’Angola ancien. Puis, à travers le croisement de ces documents avec des récits plus tardifs sur les habitudes alimentaires des Mbundu et des descriptions des banquets des ngola, je présente certaines caractéristiques des festins de cour des élites mbundu jusqu’à la conquête militaire définitive du Ndongo par les Portugais en 1671.
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