L’objectif de cet article est de revenir sur les mobilisations associées aux nouvelles règles qui ont prétendu encadrer le financement de la vie politique française, et plus spécialement certaines ressources d’origine privée : les dons des entreprises. Entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990, ces financements, d’abord occultes, furent soudain légalisés avant d’être de nouveau prohibés. L’analyse de ce processus livre un nouvel éclairage de ces brusques revirements. Elle montre combien la collecte et la gestion de telles ressources reflètent de sérieuses inégalités entre candidats. L’étude des débats parlementaires réformant cet enjeu lié au financement politique nous permet de pénétrer le sens pratique des députés impliqués dans ces réformes politiques. Finalement, l’examen du contexte de la prohibition des dons d’entreprises nous aide à comprendre comment les règles en matière de divulgation jouèrent un rôle important dans ce changement de cap. Par la suite, la mise en œuvre de ces nouvelles règles fut à l’origine d’incertitudes (progressivement tranchées par les juridictions), faisant naître dans le même temps d’autres manières de contourner les lois. Au final, toute l’enquête constitue plus généralement une occasion de poser la question du tracé fluctuant de la frontière symbolique entre sphère politique et milieux d’affaires ou cercles socio-économiques.
Résumé Cet article présente une enquête qui porte sur les déclarations d’intérêts des 452 maires des communes de plus de 20 000 habitants qui ont été rendues publiques fin 2015 par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), et qui sont examinées sous deux angles. Il s’agit, en premier lieu, d’analyser le cadre légal proposé et les réactions des élus locaux à ces nouvelles obligations déclaratives visant à faire apparaître leurs « activités professionnelles passées ou présentes, les différentes participations aux organes dirigeants d’organismes publics ou privés, les activités bénévoles ou la profession du conjoint » ; en second lieu, d’apprécier les usages politiques de ce dispositif de prévention des situations de conflits d’intérêts.
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