Comment aujourd'hui les pouvoirs publics formulent-ils le problème du logement des « immigrés » 1 dans l'agglomération lyonnaise ? Comment cette question s'est-elle construite comme un « problème public » (Cefai, 1996) ? Si ces questions ne sont pas nouvelles et sont analysées depuis les années 1970 comme en témoigne le numéro spécial de la revue Sociologie du Sud-Est (1975), en revanche peu de travaux ont comme objet de recherche explicite les politiques urbaines et de peuplement. Les analyses portent essentiellement sur la distribution résidentielle des étrangers (Bacqué, Fol, 2011), sur la « mixité sociale » (Lelévrier, 2010) ou encore sur la production institutionnelle de l'ethnicité, que ce soit dans le champ de l'école (Lorcerie, 2003) ou dans celui du logement social (Tanter, Toubon, 1999 ; Sala Pala, 2013). Cet article s'inscrit dans la lignée des travaux socio-historiques qui, considérant qu'il n'y a pas de « problème des immigrés » mais davantage un « problème de l'immigration » (Noiriel, 2001, p. 229) interrogent les pratiques des institutions en charge du logement ayant construit des catégories cognitives qui en retour ont contribué à la construction sociale d'un « problème de l'immigration » (
École d'architecture de Batna, chercheure associée à EVS/RIVES, UMR 5600
RésuméCet article vise à comprendre comment au sein du système semi-autoritaire algérien émergent diverses formes de mobilisation, qu'elles traduisent une volonté d'accéder aux nécessaires ressources urbaines ou de participer à la vie politique locale. Pour l'illustrer, nous avons choisi de présenter la construction de légitimités citoyennes à la suite de différents récits, individuels et collectifs, dans une ville moyenne de l'Est algérien (la ville de Batna) au sein de quartiers non réglementaires. Le choix des quartiers informels (c'est-à-dire conçus en dehors de la planification et de la réglementation) comme cadre d'analyse de ces mobilisations citoyennes s'explique par la dynamique et la capacité de revendication de leurs résidents pour l'amélioration de leur vie quotidienne. Ce qui nous intéresse particulièrement est d'analyser le passage de revendications localisées à la construction de véritables légitimités, et par-là, à la reconnaissance de ces habitants comme des citoyens ordinaires au sein de la ville (en dépit du caractère informel de leurs lieux de vie).Comment les populations de ces quartiers parviennent-elles à développer une capacité d'organisation et de mobilisation pour construire leur propre légitimité ? Comment interagissent-elles avec les sphères du pouvoir alors qu'elles vivent en dehors de la légalité juridique ?
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