Le Plan Borloo visait à délimiter un nouveau secteur des « services à la personne » et à l’équiper par des mécanismes marchands pour l’industrialiser. Cet article interroge la capacité réelle des dispositifs institutionnels ainsi créés à en assurer la régulation. Pour observer les régulations réellement à l’œuvre, nous constituons un corpus analytique en régulation sectorielle, qui s’appuie sur les spécificités de la relation de service, et sur les modèles productifs des organisations présentes dans le champ. Au-delà de la crise structurelle des associations, qu’ils contribuent à approfondir, les dispositifs Borloo échouent, tant dans la construction de marchés autonomes déterritorialisés que dans celle d’une dualité sectorielle entre services de confort rentables et services liés à des publics fragiles. En revanche, ils sont repris et combinés à d’autres, dans les stratégies des organismes producteurs, pour satisfaire les besoins que ceux-ci identifient. Cette hybridation de ressources institutionnelles, qui se noue directement à l’intérieur des organisations et au niveau du territoire, est donc l’élément essentiel d’une régulation qui déborde en permanence l’espace du secteur au sens de Borloo.
La télémédecine est une pratique médicale réalisée à distance au moyen de technologies de l’information et de la communication. Cet article propose un cadre analytique qui permet de discuter la façon dont cette forme de soins émergente s’insère dans le système de santé et en modifie la régulation. Dans une première partie, nous caractérisons le système de santé. Pour cela, nous développons un cadre permettant de rendre compte des articulations entre les différents systèmes qui composent le système de la santé. Dans une seconde partie, nous caractérisons la manière dont le système de télémédecine s’insère en leur sein. Nous pointons, dans une dernière partie, le fait que la régulation du système de santé repose sur la complémentarité productive entre deux sous-systèmes constitutifs du système de santé : le système du soin et celui du care. La performance du système de santé tient alors à un transfert de la production d’un système vers l’autre, transfert qui est rendu possible par une reconfiguration des places occupées par les ordres économique, politique et domestique dans le système.
Cet article interroge la place l’aide à domicile dans le système de santé en positionnant ces services au sein de la filière de santé gérontologique. L’histoire longue du système de santé et de son organisation montre que l’introduction de logiques productives et marchandes dans un système hospitalo-centré conduit à une recomposition du système qui renforce le rôle de l’aide à domicile. Pourtant, même si les acteurs de l’aide à domicile revendiquent une régulation proche de celle des soins, leur mode de régulation se situe à l’opposé. Pire, l’aide à domicile apparaît comme un régulateur de la performance de l’hôpital.
En France, les acteurs de santé tout comme la puissance publique voient en la télémédecine une réponse aux problématiques contemporaines du système de santé (amélioration de la qualité des soins et réduction des dépenses de santé). Un acte nourrit plus particulièrement les espoirs : la télésurveillance médicale. Cet article discute de la cohérence des objectifs de performance associés à l’acte de télésurveillance. En mobilisant l’économie des services, nous caractérisons les process de production. Nous révélons ainsi la participation d’une catégorie de producteurs invisibles, les patients et les aidants. Cette invisibilité apparaît alors comme la condition nécessaire à l’efficience attendue de la télésurveillance.
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