Cet article entend contribuer à la réflexion menée sur les phénomènes d’effacement énonciatif, en particulier dans le discours théorique. L’approche se veut inséparablement rhétorique et socio-historique et porte sur un corpus composé des principaux articles publiés par Julia Kristeva dans les années 1960. Ceux-ci sont contrastés avec des interventions ultérieures de la théoricienne, répondant à d’autres enjeux et stratégies. Les effets construits par l’effacement énonciatif sont envisagés comme des opérations sur la doxa, orientées par un contrat rhétorique. Cette notion, située à l’intersection du socio-historique et du discursif, se veut un outil complémentaire pour l’analyse de l’efficace des discours dans un état de société.
Le présent article a pour objectif d’éclairer la manière dont une réflexion relative au langage peut être imprégnée d’un imaginaire politique. Le travail d’Émile Benveniste sur l’énonciation est envisagé dans sa dimension terminologique, qui permet de mettre en lumière les liens entretenus entre la théorie du linguiste et un « air du temps » politique. Après une mise au point théorique sur la notion d’« imaginaire » et un bref aperçu rétrospectif sur les liens entre la théorie de l’énonciation et l’idéologie marxiste, l’article propose une lecture rapprochée des travaux de Benveniste qui gravitent autour de ses articles canoniques sur l’énonciation (du Vocabulaire des institutions indo-européennes jusqu’aux brouillons, en passant par ses interviews). L’objectif est de mettre en évidence des constellations terminologiques, des harmoniques non pas forcément conceptuelles, mais strictement rhétoriques, qui témoignent d’un ajustement du verbe du linguiste aux grandes topiques du discours social.
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