Libéraux autrichiens du XIX® siècle.-C'est un ouvrage très remarquable que celui de M. Geoeg Franz sur le libéralisme en Autriche К L'auteur a peu à peu approfondi et prolongé une étude initialement consacrée au ministère Schmerling (1861-1865) qui forme la troisième partie du livre actuel. La première retrace l'évolution du libéralisme jusqu'à la Constitution de février 1861. L'auteur définit le caractère particulier du libéralisme autrichien, qui remonte à la même source que le néo-absolutisme de Metternich : le Joséphisme despotique et éclairé. Libéraux et réactionnaires purent donc également invoquer l'oeuvre de Joseph II. Les libéraux prirent lentement conscience de leurs besoins : les réformes, qu'ils souhaitèrent, les amenèrent à donner la primauté à la politique intérieure sur l'extérieure. Ils payèrent ainsi la constitution désirée, de l'affaiblissement de l'Empire et de sa progressive désagrégation. Ils se recrutèrent dans les différentes classes sociales. Si la bourgeoisie fournit la plus grande partie de leurs effectifs, les nobles, les officiers et les fonctionnaires, inquiets de l'inefficacité d'une bureaucratie (dont la lourdeur faisait que « l'Autriche était administrée, mais non gouvernée ») collaborèrent avec elle. Cette bourgeoisie se développa dans les années qui suivirent 1880 et subit surtout l'influence de l'Angleterre, grand champion du libéralisme sur le continent. Une nouvelle génération apparut en Allemagne : « La grande période de l'idéalisme, du classicisme et du romantisme » s'acheva. Beethoven mourut en 1827, Schubert en 1828, Hegel, Clausewitz, Stein en 1831 et Goethe en 1832. La révolution de juillet en France, la réforme électorale anglaise de 1832, la série des constitutions allemandes (Saxe, 1830 ; Hesse et Hanovre, 1831 ; Brunswick, 1832) traduisirent la même relève, ainsi que le mouvement littéraire de la Jeune Allemagne et les publications d'écrivains autrichiens comme Auersperg (Promenades ďun poète viennois, 1831), Grillparzer, etc. La critique de tous ces hommes, qui parfois se proclamaient joséphistes et centralistes, plutôt que libéraux, prépara la révolution de 1848, qui abolit définitivement les droits féodaux et libéra les paysans. La réaction triompha ensuite avec Schwarzenberg, Bach et le comte Franz Stadion, qui s'efforça cependant de réformer l'administration. Il se heurta à la crise financière, endémique, malgré les efforts de Bruck, dont la politique économique visait à la constitution d'une union douanière grande-allemande. L'auteur montre comment l'Etat absolutiste était dominé par les banquiers étrangers, suisses d'abord, puis anglais. Le rôle des Rothschild fut prédominant vers 1848. Ensuite, ce furent encore les banques anglaises et, de plus en plus, les françaises qui investirent en Autriche. Banques et sociétés financières mirent peu à peu la main sur les chemins de fer, que l'Etat fut obligé de leur céder. Le libéralisme, après l'échec de la révolution de 1848, s'exprima dans le domaine culturel. La civilisation particulière du Biedermeier résulta de ce...