L’urbanisation dispersée représente un véritable casse-tête pour la transition écologique urbaine en Amérique du Nord. Depuis des décennies, les plans et discours d’urbanisme font la guerre à l’étalement urbain, tandis que les représentations de la maison unifamiliale, véritable icône de la banlieue nord-américaine, s’adaptent à l’émergence des discours sur la soutenabilité urbaine. Au Québec (Canada), la mini-maison participe de ces dynamiques, mais de manière ambiguë. La mini-maison se présente à la fois comme une utopie d’habitation écologique et abordable, comme une niche du marché immobilier à combler et comme l’élément potentiel d’une stratégie plus flexible de densification douce des territoires suburbains. Cette étude de cas de type recherche-action propose d’étudier cette équivocité en analysant le processus de coconstruction de l’objet « mini-maison » au Québec à partir d’une analyse de presse, d’une analyse documentaire et d’observations participantes. Cet article conclut, d’une part, que ce processus a permis de créer des liens entre une grande diversité d’acteurs et, d’autre part, qu’il favorise la remise en question du modèle conventionnel de la maison unifamiliale détachée en répondant à des enjeux d’abordabilité, de simplicité volontaire, de densification douce et de transition écologique des périphéries urbaines.
Cet article a cherché à comprendre comment les groupes et organisations faisant la promotion du concept architectural radicalement vert de la géonef conçoivent la soutenabilité en habitation. Pour conceptualiser cette question, cette étude a fait appel à l’analyse de discours environnemental, au concept de modernisation écologique et au cadre théorique de la transition socioécologique. L’analyse des sites web, des pages Facebook et de la documentation produite par quatre organisations et un groupe Facebook de géonef au Canada et aux États-Unis a démontré que ces groupes véhiculent une vision holistique de la soutenabilité en respect des principes de la permaculture. Ancrés dans la stratégie du do-it-yourself, ils incitent à rompre avec les trajectoires de développement d’une société jugée insoutenable grâce à une habitation autosuffisante. Ce projet trouve aussi racine dans la crainte d’un effondrement civilisationnel dû aux changements climatiques et se présente comme une manière d’être plus résilient sur le plan alimentaire et énergétique. Néanmoins, alors que les organismes à but non lucratif ont une approche peu orthodoxe face au design de la géonef et semblent surtout y voir un outil pour réaliser leur mission, les entreprises privées accordent une grande importance à son cadrage discursif. Adoptant des stratégies de marketing vert, elles font abstraction de ses limitations et exagèrent ses performances et son adaptabilité, ce qui peut expliquer sa popularité dans des contextes inappropriés, tel qu’au Québec. Finalement, selon le cadre théorique de la transition, le discours environnemental caractéristique de la géonef articule une vision holistique et radicale de la soutenabilité en habitation qui implique une rupture avec le statu quo. Toutefois, en se présentant comme utopie écologique en remplacement de la maison unifamiliale détachée, ce discours risque aussi de contribuer à la reproduction du problème de l’étalement urbain.
Cet article étudie la tension entre l'approche généralement holistique des urbanistes et aménagistes face à la question de la durabilité en habitation et l'approche de la modernisation écologique (ME) qui prévaut la plupart du temps dans les programmes d'habitation durable. L'article repose sur une analyse qualitative des mesures ainsi que sur une analyse des discours environnementaux véhiculés par les programmes d'habitation durable du gouvernement fédéral canadien, du gouvernement provincial québécois et de la municipalité de Victoriaville. Les principaux constats sont que les gouvernements fédéral et provincial emploient un discours caractéristique de la ME qui, dans le contexte énergétique et urbain du Québec, ne créé pas des conditions qui permettront de réduire de manière significative l'empreinte environnementale en lien avec l'habitation. La municipalité étudiée adopte une approche plus intégrée en articulant la durabilité au‐delà de l'échelle du bâtiment. Toutefois, en évitant de s'attaquer aux fondements non durables du régime de la construction résidentielle qui est encore largement caractérisé par la construction de nouvelles maisons unifamiliales isolées dans des quartiers de faible densité et dépendants de l'automobile, sous le couvert de la durabilité, les programmes étudiés risquent de renforcer des verrouillages structurels et culturels propres à l'étalement urbain.
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