Études de communication langages, information, médiations
| 1999La médiatisation des problèmes publics Pour une approche interdisciplinaire des phénomènes de médiatisation : constructivisme et discursivité sociale Sans que la notion même de médiatisation y soit toujours explicitement convoquée et considérée comme un objet d'étude en soi, les travaux consacrés aux phénomènes de médiatisation se sont développés de façon appréciable dans la période récente. Ce développement résulte, notamment, de l'intérêt que plusieurs champs disciplinaires portent à ces questions : sciences de l'information et de la communication bien sûr, mais aussi -et peut-être même de façon plus ancienne-sociologie et sciences politiques, ou encore sciences du langage, histoire ou économie...
2Cette multiplication et cette diversité des travaux engagés constituent une richesse. Et c'est d'ailleurs la nature même des phénomènes de médiatisation étudiés qui autorise la mise en oeuvre d'approches disciplinaires variés ; mieux, qui la rend nécessaire. La médiatisation comme production sociale peut être considérée comme un processus complexe dans lequel interfèrent de multiples composantes (politiques, économiques, sociologiques, linguistiques...) qui, de fait, convoquent a priori les champs disciplinaires correspondants.
3Cette conjoncture favorable risque cependant de montrer, à terme, ses limites.
4En effet, conduites à partir d'approches disciplinaires spécifiques et des types de questionnement qui leur sont propres, les tentatives de modélisation produites se trouvent, presque naturellement, portées à privilégier certains aspects des phénomènes étudiés : ceux qui se révèlent les plus compatibles ou les plus intéressants au regard des problématiques de recherche qui sont couramment développées dans la discipline -et qui, d'ailleurs, la sous-tendent comme discipline identifiable. Ces aspects voient ainsi leur importance majorée tandis que d'autres aspects se trouvent négligés, voire occultés. Par ailleurs, le dialogue entre chercheurs issus de différentes disciplines reste peu développé, dans la mesure où les occasions de rencontres et d'échanges entre eux sont, par définition, peu nombreuses et le dialogue, par nature, difficile. On assiste, au mieux, à une écoute/lecture réciproque mais comme distanciée, au pire, à des attitudes polémiques ou disqualifiantes à l'égard de travaux conduits à partir d'autres perspectives, privilégiant d'autres méthodologies, portant sur d'autres objets et attentifs à d'autres phénomènes.
6Comment éviter que les uns et les autres ne poursuivent des chemins parallèles, dont on sait qu'ils ont vocation à ne jamais se rencontrer ?
7Comment progresser dans l'élucidation des phénomènes observés si on ne peut confronter et chercher à articuler entre elles des approches hétérogènes et toutes fécondes, mais qui, résultant de constructions théoriques et de méthodologies spécifiques, ne se révèlent pas immédiatement compatibles entre elles ? 8 Bref, comment passer de la pluridisciplinarité actuelle à une véritable interdis...