Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d'information et de communication (Gripic)
Y A-T-IL DES OBJETS PLUS COMMUNICATIONNELS QUE D'AUTRES ?Chacun sait sur quoi portent les sciences de «l'information et de la communication». Ces deux termes suffisent d'ailleurs à faire venir à l'esprit une série de pratiques sociales, de lieux, de techniques et d'acteurs, considérés par le sens commun comme relevant de ces domaines d'activités. Un manuel parmi d'autres de la discipline indiquera donc les champs ou domaines d'études suivants : les NTIC, les communications de masse, les communications commerciales et politiques, la communication organisationnelle. On pourrait ajouter à cette liste l'ensemble des messages dits «ordinaires», les échanges interpersonnels, les transformations du système des industries culturelles et de l'espace public, et bien d'autres phénomènes encore. Cette liste spontanée a pour mérite de fournir une première idée du champ scientifique tel que l'a formé sa jeune «tradition» : les travaux qui, reconnus comme importants, ont fédéré autour d'eux des courants de recherche pérennes.On constatera pourtant que cette première approximation des Sic repose sur des domaines d'objets concrets. Or, plus d'un siècle d'épistémologie a suffisamment montré que la science n'explique pas les objets existants : elle se cherche des objets. Ce qu'on appelle construire des objets scientifiques. Les sciences de l'information et de la communication ont-elles un objet spécifique ? Il est clair que du point de vue d'une épistémologie normative, une discipline n'existe pas sans remplir cette condition. Mais il n'est pas non plus d'objets scientifiques spécifiques sans discipline pour les construire... On voit combien la question des objets est liée à celle de la vocation scientifique des Sic, et par conséquent de leur identité et de leur unité HERMÈS 38, 2004