Cet article explore l’apport méthodologique d’Ostrom, encore mal connu malgré la popularité de ses travaux sur les communs. Nous montrons que son approche participe de l’institutionnalisme historique (rationalité et régularités situées, enchâssement social, rôle des règles et des normes, approche généalogique et non-fonctionnaliste, jeux d’échelle, réalisme critique, etc.), jusque dans l’usage heuristique de modèles habituellement attribués à la théorie standard (théorie des jeux, modèles multi-agents). Cela permet de dépasser quelques malentendus (sur la théorisation d’une « troisième voie » attribuée à Ostrom ; sur les notions de communauté et de « self-governance ») et de pointer l’intérêt potentiel d’un enrichissement réciproque avec d’autres institutionnalismes.
La responsabilité sociétale des entreprises (rse) incorpore une dimension politique et morale qui ne peut se réduire à la performance sociétale – dont traite habituellement l’économie de la rse – mais qui l’impacte : l’analyse de cette dimension est donc indispensable à l’analyse économique. Cet article propose des éléments méthodologiques pour endogénéiser ce facteur institutionnel dans l’analyse. Une première partie présente le cadre d’analyse des dispositifs symboliques d’une norme de qualité visant à objectiver ses caractéristiques, attester la conformité à cette qualité et la valoriser à un niveau satisfaisant aux conditions du marché. La difficulté est que cette qualité – typique de biens de réputation – porte sur des propriétés de l’organisation productive et du produit qui ne peuvent être confirmées par leur valeur d’usage. La seconde partie montre que i) les conditions institutionnelles sur l’identité, la conformité et la rentabilité nécessaires ne sont pas encore réunies pour assurer la diffusion de la qualité rse par une voie non réglementaire ; et que ii) deux types de conceptions managériales et politiques de la rse divergent quant à la traduction de la rse au niveau opérationnel et de la structure du gouvernement de l’entreprise.
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