L’objectif des auteurs du présent article est double. Ils proposent, d’une part, une critique des fondements normatifs de la Loi sur la laïcité de l’État adoptée en 2019 au Québec. Leur discussion s’appuie principalement sur les thèses élaborées dans leur ouvrage intitulé La nation pluraliste. Repenser la diversité religieuse au Québec (Presses de l’Université de Montréal, 2018). L’essentiel de leur critique consiste d’abord à concevoir un modèle de gestion de la diversité adapté au contexte québécois à partir de la posture libérale républicaine que le philosophe John Rawls expose dans ses écrits tardifs. Ce modèle leur permet ensuite de mettre en évidence certains écueils de la conception de la laïcité défendue par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec. D’autre part, leur analyse donne aussi lieu à une réflexion de nature méthodologique sur la manière dont la philosophie politique peut, de façon générale, contribuer à la construction du droit, et ce, en montrant comment leur critique de la Loi sur la laïcité de l’État correspond à un exercice d’opérationnalisation de la méthode de l’équilibre réfléchi telle qu’elle a été justement conçue par Rawls.
Cet article vise à enrichir l’approche désagrégative proposée par Cécile Laborde dans Liberalism’s Religion [HUP, 2017] à l’aide de certaines intuitions rawlsiennes provenant de notre ouvrage La nation pluraliste [PUM, 2018]. En partant de la notion d’« accommodement raisonnable » telle que comprise dans le contexte légal du Québec et du Canada, nous parvenons à une interprétation des fondements normatifs de la distinction entre droits fondamentaux et accommodements qui repose sur la raison publique. La perspective que nous défendons permet ultimement d’admettre des droits fondamentaux à la fois pour les personnes et pour les groupes.
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