Le phénomène de réutilisation des sanctuaires grecs par les chrétiens n'est qu'un aspect de la question plus large du devenir des bâtiments sacrés et profanes au moment de la transformation de la cité grecque classique en cité chrétienne prémédiévale. Dans l'histoire de l'architecture, cette pratique est loin d'être rare mais l'étude de son application aux sanctuaires païens de Grèce propre laisse apparaître certains aspects originaux. En premier lieu, ce phénomène a fait l'objet de récits mettant en scène la conversion de temples païens en églises chrétiennes, textes qui devaient contribuer à marquer de manière triomphale le passage d'une religion à l'autre. Systématisée à l'époque byzantine, cette mythologie de la conversion réapparut dans des études modernes portant sur l'antiquité tardive. La seconde particularité est liée aux modalités d'appropriation et de conversion des temples. La prise de possession spontanée d'un sanctuaire désaffecté semble avoir été plus fréquente que l'achat légal aux autorités provinciales ou que la destruction préalable. Quant aux motifs, ils furent moins idéologiques que pragmatiques, ce dont témoigne le caractère succinct, dans bien des cas, des réaménagements effectués. Cette absence apparente de « motivation anti-païenne » contraste avec ce que l'on observe dans les autres diocèses d'Orient. On est alors conduit à réenvisager le thème plus vaste du processus de christianisation en Grèce continentale et à émettre l'hypothèse d'une non-confrontation violente entre les deux systèmes religieux.
This paper focuses on a very neglected question, the construction and restoration of pagan cult structures in the fourth and fifth centuries. Mainland Greece is privileged as the area of study in order to make parallels with other parts of the empire. The first part, dedicated to imperial legislation and policy, deals first with the problem of attributing the restoration of temples to the emperor Julian and then with the inconsistencies and ambiguities that appear in a few laws related to these sacred (re)constructions. There follows an attempt to reconstruct the building process: was it spontaneous or legally anticipated and decided? To what extent are we able to identify those responsible for such initiatives? The concluding part of this study deals with the double meaning one could associate with the (re)building of cult places: does it reflect the continuity of pagan ritual practices or the survival of Greek paideia ?
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