Le patrimoine urbain est désormais considéré par les acteurs du développement comme une ressource pour leur territoire, via notamment les retombées du tourisme qu'il génère. Ils cherchent donc à en préciser la valeur économique, d'autant plus que les outils standards de l'analyse économique, souvent à travers sa seule valeur d'usage, ne la cernent qu'imparfaitement. Cette évaluation est en fait délicate car ce patrimoine est une réalité complexe qui combine quatre dimensions interdépendantes : économiques, culturelles, sociales et environnementales. Notre objectif est ici de proposer une grille d'analyse à visée opérationnelle et visant, à partir de différents indicateurs, monétaires ou non, disponibles dans la littérature ou collectés sur place, d'évaluer l'intérêt économique de projets de réhabilitation et de valorisation du patrimoine urbain, et plus particulièrement dans les pays en développement où les difficultés d'accès à des données essentielles à l'évaluation économique constituent souvent très souvent un frein à celle-ci. Notre méthodologie repose notamment sur la notion de soutenabilité, empruntée à l'économie de l'environnement, c'est-à-dire la possibilité d'assurer la transmission du patrimoine en question aux générations futures. Sa mesure se fera par confrontation des flux d'investissement et de dégradation du patrimoine urbain dans ses quatre dimensions, l'introduction d'effets de seuil et de risques de non-soutenabilité devant permettre aux décideurs de juger de l'évolution possible de cette soutenabilité suite à la mise en place de projets de réhabilitation ou de rénovation du patrimoine urbain concerné. Deux cas d'études de patrimoines urbains de pays en développement viennent ici illustrer notre analyse : celui de l'île Saint-Louis du Sénégal et celui de la médina de Sousse (Tunisie). Mots-clés : patrimoine urbain, soutenabilité, politiques de développement, réhabilitation et rénovation urbaines, évaluation économique, indicateurs, effets de seuil. 1 Les réflexions et analyses présentées dans le cadre de cette communication sont largement issues d'une étude réalisée pour l'AFD en 2011, à la demande de Marie-Pierre Bourzai. Les auteurs de cette communication tiennent à souligner les apports des co-auteurs de cette étude à ces réflexions, tout particulièrement Christine Mengin, Valéry Patin et Michel Vernières. 2 Rautenberg (2003) distingue la patrimonialisation par désignation de la patrimonialisation par appropriation. Cette distinction est importante pour comprendre les conditions de soutenabilité d'un patrimoine. L'évaluation économique du patrimoine urbain et ses enjeux: une approche par la soutenabilité 50ème colloque de l'ASRDLF, Mons (UCL), 8-9-10 juillet 2013