Quelle langue parle-t-on au sein des institutions européennes ? Quels sont les facteurs qui conduisent des acteurs issus de contextes nationaux et culturels divers à s’accorder sur une langue de travail dans le cadre de leurs interactions professionnelles ? Quelle importance ce choix revêt-il pour eux et quels peuvent en être les effets ? Cette étude conteste la naturalité du choix des langues de travail au sein des institutions européennes et envisage ces arrangements particuliers comme un problème à expliquer. La démarche vise à repérer les enjeux politiques qui sous-tendent ces choix et les rapports de force internationaux et locaux dans lesquels ils s’inscrivent. Il s’agit de mettre en lumière les effets de l’usage de la langue française sur la morphologie de la mission d’appui aux forces de sécurité (EUCAP Sahel), et d’insister sur les logiques subversives et sur la contestation à bas bruit qui se jouent au siège, tout en montrant que les enjeux linguistiques peuvent également reconfigurer les rapports de force au niveau local.
En juin 2021, le président Emmanuel Macron annonçait la transformation du dispositif engagé au Sahel. Alors que la situation sécuritaire peine à s’améliorer au Mali, au Burkina Faso et au Niger, la question de la soutenabilité de la présence militaire française est posée de plus en plus frontalement au sein des administrations et dans le champ académique. En revenant sur la manière dont ce débat a été investi par les acteurs institutionnels français (officiers, diplomates, administrateurs civils, représentants politiques), l’étude met en lumière la persistance de trois dilemmes qui structurent plus largement l’ensemble des réflexions sur la politique militaire française depuis les premières heures des indépendances.
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