Cet article repose sur une étude qualitative menée auprès de personnes âgées vivant à domicile dans une grande ville de Suisse romande et portant sur leur sentiment de sécurité/insécurité. Cette étude se distancie des approches abordant la question uniquement sous l’angle de la peur du crime . Nos résultats révèlent un important contraste entre la tendance des médias et des institutions à dénoncer l’insécurité à laquelle seraient exposées les personnes âgées et les préoccupations exprimées par ces dernières. En effet, si nos données montrent un mouvement de repli progressif sur le quartier, voire sur le domicile, peu de personnes rencontrées déclarent ne pas se sentir en sécurité. Pour les personnes interviewées, la question de la sécurité est d’abord associée à leur vulnérabilité croissante qui les amène à développer différentes parades pour limiter les entraves liées au vieillissement, notamment en matière de mobilité. Ces parades font partie du processus de déprise qui n’est pas à comprendre comme un renoncement à un monde perçu comme menaçant sur la seule dimension de la criminalité, mais comme une adaptation qui permet à la personne âgée de maintenir des activités porteuses de sens alors même que le processus de fragilisation la rend plus vulnérable. Porter attention aux définitions subjectives de la sécurité et de l’insécurité et les interpréter à la lumière du processus de déprise souligne la nécessité de distinguer différentes facettes du sentiment de sécurité et de prendre en compte le contexte de vie des individus dans la compréhension de ce sentiment.
Résumé : La littérature soutient fréquemment que le sentiment d'insécurité serait plus important chez les personnes âgées qu'au sein des autres catégories de la population. Grâce à une étude qualitative basée sur 51 personnes âgées de 70 à 92 ans, cet article propose d'aborder le sentiment d'insécurité du point de vue des acteurs. Cette perspective nous permet de prendre en compte la perception des personnes âgées, de nous défaire d'une vision agéocentrée qui tend à gommer les effets de la fragilisation liée au vieillissement.
Mots-clés : personnes âgées, insécurité, stratégies, vulnérabilité, fragilisation
Das Gefühl der Unsicherheit bei älteren Menschen: zwischen Umweltveränderungen und individueller VerletzlichkeitZusammenfassung: In der Literatur wird häufig behauptet, das Gefühl der Unsicherheit sei bei älteren Menschen grösser als in anderen Bevölkerungsgruppen. Dieser Artikel, der sich auf eine quantitative Studie, die bei 51 Personen (70 bis 92) durchgeführt wurde, schlägt vor, sich dem Gefühl der Unsicherheit aus der Sicht der Akteure anzunähern. Diese Perspektive erlaubt es uns, die Empfindungen der älteren Menschen zu berücksichtigen, und von einer altersbezogenen Sichtweise loszukommen, die dazu neigt, die Auswirkungen der Fragilität des Alters auszulöschen.
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