Dans le Bassin parisien, le Badegoulien a été identifié pour la première fois il y a 70 ans mais ne reste connu qu’au travers d’un nombre limité de sites. Grâce à la fouille de deux gisements clés, le Bois des Beauregards (Seine-et-Marne) et l’abri Fritsch (Indre), certains pans de sa culture matérielle ont pu être décrits dès les années soixante-dix - quatre-vingt. Il aura néanmoins fallu attendre les récentes fouilles réalisées sur le site de Oisy (Nièvre) à partir des années 2000 pour que de nouvelles découvertes viennent enrichir la connaissance de cette période. Exploré depuis cinq ans, ce site fournit en effet une importante documentation qui complète amplement celle recueillie jusqu’à présent. Les analyses actuelles qui visent une meilleure caractérisation technologique des méthodes de fabrication des outils et des armatures en silex y ont d’ores et déjà montré quelques caractères inédits qui ouvrent la voie à de nouvelles discussions. La mise en évidence de ces particularités nous a par ailleurs conduit à effectuer des observations supplémentaires sur le matériel des deux autres gisements principaux, mais aussi sur plusieurs industries régionales présumées badegouliennes. Ainsi, vingt ans après la dernière publication majeure sur le sujet, il est désormais possible de dresser une nouvelle synthèse des connaissances sur le peuplement badegoulien de la moitié nord de la France et d’évoquer les problématiques qui devront être prochainement développées.

No abstract

Les pièces de la Bertonne sont si particulières qu'il nous a semblé utile d'exposer ici l'ensemble de la démarche qui a permis de déterminer leur véritable fonction. L'argumentation a été essentiellement construite sur la base d'un raisonnement déductif. Les trois hypothèses fonctionnelles (pièce amincie en vue d'un emmanchement, outil et nucléus à lamelles) évoquées depuis leur découverte ont été testées au fur et à mesure dans le but d'éliminer celles qui étaient improbables. La fonction de nucléus à lamelles s'est alors révélée la plus vraisemblable. Ce résultat fut ensuite confirmé par la découverte récente de quelques lamelles retouchées indubitablement obtenues à partir de ces pièces de la Bertonne. Cet article est enfin consacré à la présentation de la méthode originale de débitage de lamelles de type « Bertonne » qui présente de nombreuses analogies avec celle connue sous le nom d'Orville.

During the Badegoulian and the start of the Magdalenian entirely new techniques of bladelet production were invented. The Orville technique was the first to be identified, followed by the Rocher-de-la-Caille, La Marche, Thèmes and Oisy techniques, and most recently the La Bertonne technique. At present, of these six recognized methods, only two are relatively well situated chronologically. These are the Oisy technique, dated to the Badegoulian, and the La Marche technique, dated to the Middle Magdalenian. The others have been attributed by deduction to the Badegoulian (La Bertonne), Early Magdalenian (Thèmes), or Middle Magdalenian (Rocher-de-la-Caille and Orville). In order to verify the reliability of their cultural attribution, and with the aim of developing new criteria to differentiate between the Badegoulian industries and those from the beginning of the Magdalenian, we have attempted to determine whether some of these techniques shared reduction concepts. This research has proved fruitful, the most marked similarities concerning the Oisy, La Bertonne and Orville techniques. In this paper we have chosen to present the results from a comparison of the Bertonne and Orville techniques. We conclude that the Orville technique probably did not appear during the Middle Magdalenian, but had existed since the Badegoulian.