Cet article s’intéresse à l’intrication des violences subies durant l’enfance et à leur répétition à l’âge adulte. Une recherche en Polynésie française par méthode mixte a permis de retracer les trajectoires de femmes victimes d’inceste. Durant l’enfance, les violences sexuelles ont tendance à se cumuler avec des violences physiques. Parfois, les violences se répètent à l’âge adulte, dans la sphère conjugale notamment. Les femmes interrogées s’en sentent en partie responsables et appréhendent leur vulnérabilité sous l’angle de dispositions individuelles. L’approche sociologique permet de critiquer l’idée selon laquelle les personnes victimes d’inceste pâtiraient d’une vulnérabilité intrinsèque, indépendamment de leurs appartenances sociales. Isolement, dépendance matérielle et affective, et déstabilisation morale – processus eux-mêmes liés à l’inceste –, structurent le risque de revictimation.
La question de l’évaluation des réseaux de santé a été documentée par des travaux qui étudient les effets de la coordination principalement auprès des professionnels de santé. Cet article propose de se placer du point de vue des malades, en se demandant dans quelle mesure les réseaux de santé contribuent à la mutation de la relation thérapeutique vers un modèle « partenarial et équilibré » (Routelous, 2005) incarné par la figure de l’usager. Pour ce faire, nous nous intéressons au cas des réseaux de santé en cancérologie et nous adoptons une démarche qualitative, mobilisant des entretiens semi-directifs (54) auprès de membres professionnels de réseaux de santé, de malades atteints de cancer et de proches de malades. En nous appuyant sur l’approche en termes de « rapports sociaux d’usage » proposée par M. Chauvière, nous montrons que l’usager n’est pas une catégorie administrative neutre. La relation d’usage est fondée sur un échange : le réseau contribue à l’autonomisation de l’usager en lui octroyant des ressources notamment informationnelles et, en retour, l’usager est une source de légitimation pour le réseau lorsque ce dernier s’exprime au nom du bien-être de l’usager. L’ambigüité de la référence à l’usager est finalement mise en évidence, entre source d’émancipation d’une part et contrôle social à travers la norme de participation de l’usager d’autre part.
Partant de l’horizon d’attente à la fois vaste et imprécis associé à la médecine prédictive et aux dilemmes posés par l’émergence de la génomique en onco-pédiatrie, il apparaît pertinent de convoquer le regard des jeunes patients et de leurs familles pour comprendre les enjeux de l’investigation génétique et identifier des pistes pour y répondre concrètement. Cet article rend compte du protocole et des résultats d’une enquête qualitative rassemblant séparément des enfants et des parents lors d’un entretien collectif focalisé (ou focus group) stimulant leur imagination. Les participants étaient invités à se projeter dans des situations fictives à partir desquelles ils pouvaient décliner leur réflexion sans pour autant mobiliser leur expérience personnelle. Le premier « détour » par l’imagination consistait à s’appuyer sur la capacité à se mettre à la place d’une autre personne (enfant malade, parent, médecin) plutôt qu’à explorer les mythes et symboles autour de la génétique en tant que tels. On partait du cas d’une enfant présenté dans une vignette. Le second consistait à réaliser un collage décrivant une situation de rendu de résultat génétique. L’imagination apparaît comme une faculté pertinente pour faire réfléchir de jeunes patients et leurs parents à des enjeux éthiques complexes et impensés a priori, et in fine contribuer à la définition des modalités d’exercice du consentement éclairé. Des limites apparaissent cependant, propres à la méthodologie des focus group, par exemple la réticence à exprimer des opinions dans un contexte collectif, au thème étudié ou au profil des participants. Cette expérience permet d’entrevoir en quoi l’imagination pourrait permettre au plus grand nombre de faire l’exercice stimulant de participer aux réflexions sur des problématiques éthiques.
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