Dans quelle mesure la diffusion d’Internet modifie-t-elle les contraintes spatiales et temporelles qui s’exercent sur les activités humaines ? Réduit-elle l’inégale répartition des ressources sur les territoires et surtout l’inégale accessibilité à ces ressources ? Dans une démarche d’observation participante couplée à des entretiens, deux quartiers d’une même agglomération placés en zone urbaine sensible, l’un central et l’autre périphérique, ont été étudiés : l’article décrit comment leurs habitants se sont appropriés ou non Internet dans la réalisation de certains actes quotidiens, comme la recherche d’emploi par exemple, pour discuter des possibles effets du média sur l’inscription spatiale des inégalités sociales. L’article commence par revenir sur l’approche géographique des inégalités, rappelant la nécessaire dénaturalisation de la répartition spatiale des catégories sociales et explicitant en particulier la notion d’accessibilité. La manière dont les nouvelles technologies et Internet en particulier viennent bousculer ces problématiques, puisqu’elles modifient les conditions d’accès à certaines ressources, sera ensuite précisée, de même que le protocole d’enquête utilisé ici pour mesurer la réalité de ces transformations. Si l’analyse des résultats révèle alors des comportements en évolution – assez semblables d’ailleurs entre les deux quartiers – et même l’existence de stratégies, chez les non-usagers d’Internet, pour s’affranchir de la dépendance numérique, les inégalités spatiales tendent plutôt à se consolider, nouvelle preuve de la cumulativité des différentes formes d’inégalités.
Alors que les problématiques d’accès et d’usage au numérique existent sur l’ensemble des territoires, les inégalités qu’elles soulèvent se posent avec plus d’acuité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Margot Beauchamps, assistante de recherche au sein de la chaire « Immobilier et développement durable » de l’ESSEC, revient ici sur la façon dont les caractéristiques socio-spatiales des quartiers prioritaires interrogent la question des inégalités numériques, et sur la manière dont les acteurs de terrain s’engagent actuellement pour lutter contre ces inégalités.
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