La christianisation des campagnes (iv e-viii e s.) Yann Codou et Marie-Geneviève CoLin avec une contribution de Monique Le nézet-céLestin Mots-clés. Antiquité tardive, haut Moyen Âge, christianisation, baptistère, église, oratoire, paroisse, funéraire, milieu rural. Résumé. Divers travaux récents permettent de dresser un panorama de la christianisation des campagnes ou, tout au moins, de sa traduction monumentale entre le v e s. et le viii e s. Dans le courant des v e-vi e s., on peut parler d'une « naissance des campagnes chrétiennes », même si la mise en place d'un paysage rural chrétien connaît, selon les régions, des développements différents et des spécificités chronologiques. L'apparition de ces lieux de culte est due à l'action d'acteurs multiples tels que les clercs, en particuliers les évêques, mais aussi les potentes, détenteurs de domaines ruraux. Ce paysage monumental, dès cette période de structuration, apparaît comme divers. Les résultats des recherches récentes permettent d'envisager l'existence de véritables groupes presbytéraux, c'est-à-dire d'ensembles d'édifices aux fonctions spécifiques et complémentaires. Parmi ces édifices s'imposent les églises baptismales, dont l'origine est, dans la majorité des cas, liée à l'intervention directe de l'Église. D'autres monuments témoignent du lien étroit qui s'établit entre l'église et le monde des morts, sous la forme de basiliques funéraires rurales. Ce semis de lieux de culte s'adapte au réseau de l'habitat rural. Les agglomérations secondaires qui se développent alors réservent une place de choix à l'église, tandis que dans les villae on voit s'élever des oratoria. Cette organisation topographique progressive porte déjà en elle les prémices des formes d'occupation et d'encadrement des populations qui connaîtront leur plein épanouissement au coeur de la période médiévale.