Cet article s’intéresse au phénomène des violences conjugales en montrant l’intérêt de considérer l’articulation des enveloppes psychiques au niveau individuel, familial et « couplal ». Il met le projecteur sur les matériaux psychiques transmis de génération en génération, qui traversent ces contenants. Si certaines traces du passé sont conscientes et élaborées, d’autres demeurent inconscientes et empreintes de traumatismes. Par l’effet d’emboîtement des enveloppes psychiques et par le biais du nouage des alliances inconscientes, ces héritages négatifs se retrouvent impliqués dans les fondations du lien du couple. Une vignette clinique aide à comprendre le rôle des legs familiaux dans l’émergence d’agirs violents entre les partenaires amoureux et leur impact sur l’enveloppe psychique du couple. Les auteures esquissent enfin un modèle de structuration innovant du moi-peau du couple à partir de la théorisation de Didier Anzieu (1985).

Les situations de violences conjugales sont de plus en plus visibles dans l’espace sociétal, politique. Elles s’invitent également dans l’intimité de la scène thérapeutique. L’esquisse d’un modèle de compréhension de la violence dans le couple, en appui sur la théorie analytique familiale, nous conduit à formuler l’hypothèse d’une « empreinte inconsciente maudite », venin transgénérationnel déployé dans l’enveloppe psychique contenant les partenaires. Ce phénomène a pour effet l’abrasion de la capacité de rêverie du couple (« inrêverie couplale »).

À partir du constat de dimensions symptomatiques mortifères présentées par la rencontre avec une famille reçue en thérapie, nous souhaitons mettre le projecteur sur les mécanismes psychiques inconscients qui sous-tendent le néo-groupe (Granjon, 1987, as cited in Granjon, 2001). Nous montrerons l’impact sur le cadre thérapeutique des failles narcissiques d’une famille au fonctionnement opératoire et évoquerons la paralysie des thérapeutes dans leur capacité de holding onirique familial. Pour ce faire, nous explorerons les éléments contre et inter-transférentiels et l’évolution du contenant-contenu psychique du néo-groupe face à l’effacement progressif des symptômes familiaux et à l’émergence de la pulsionnalité. Nous aborderons ainsi la création d’un jeu de « co-métaphorisation » entre les thérapeutes, l’image de la « cocotte-minute » en étant une représentation, qui telle une stratégie permettrait la survivance de la capacité de rêverie mise à mal et éviterait l’explosion agressive ou l’effondrement dépressif.