Cet article étudie les dynamiques périurbaines des Desert Cities de l’Ouest étasunien, où l’expansion urbaine a pris la forme d’un étalement spatial, d’abord en périphérie des grandes villes émergentes puis à partir des communautés environnantes. Dans ce périurbain éloigné, la promotion immobilière, qui a reposé tout au long du XX e siècle sur l’appropriation des ressources hydriques, est désormais questionnée par les difficultés à acheminer suffisamment d’eau, amplifiées par le contexte de sécheresse actuel. L’enquête analyse la façon dont les relations entre les administrateurs municipaux, les agriculteurs, les promoteurs immobiliers et les élus, constituées autour d’« intérêts réciproques », les conduisent à mettre en place différentes stratégies d’adaptation aux contraintes environnementales : de sécurisation face à la rareté de la ressource hydrique ; d’intégration ou de contournement des normes régulant les usages de l’eau. La spécificité du périurbain des Desert Cities touchées par la rareté des ressources hydriques réside alors moins dans le développement périphérique des grandes villes (Phoenix, Tucson) que dans la volonté d’accroissement des villes se situant à leur périphérie, jusqu’à se fondre les unes dans les autres. Une forme particulière de périurbain émerge de cette rencontre entre professionnels de l’eau et de la ville : le green sprawl , qui permet de concilier normes environnementales du conservationnisme ambiant et impératifs économiques de la croissance locale.
Cet article propose une approche originale de l’histoire des politiques hydriques dans l’Ouest des États-Unis. En reconstituant la genèse et la mise en œuvre des mégaprojets (barrages, canaux, etc.) depuis le XXe siècle, il montre que ces politiques ne peuvent pas plus se résumer à une succession de protestations de populations locales soucieuses de préserver leur environnement ni à l’hégémonie incontestée des élites nationales et locales. Cette histoire met en avant le rôle joué par une architecture institutionnelle complexe et s’attache en particulier aux profils socio-professionnels des protagonistes influents dans le champ administratif où s’élaborent les politiques hydriques. De ce point de vue, l’histoire des politiques hydriques apparaît comme intimement liée au développement de l’État américain. Sa reconstitution a utilisé une pluralité de sources (revue de la littérature, collecte d’informations et de données secondaires, archives des protagonistes des conflits, littérature grise) ; elle s’appuie aussi sur des informations collectées à partir d’entretiens menés avec les responsables, anciens ou actuels, d’institutions publiques ou privées liés à la gestion de l’eau en Arizona.
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