Reçu le 25 mai 2015 ; accepté le 15 septembre 2015 © SRLF et Lavoisier SAS 2015 À l'éditeur, L'hypertriglycéridémie est un trouble lipidique fréquent [1]. Alors que des valeurs minimes à modérées sont associées à une augmentation du risque cardiovasculaire, des valeurs éle-vées peuvent être à l'origine de complications aiguës, dont la plus fréquente est de loin la pancréatite aiguë [2]. Nous rapportons ici le cas d'une pancréatite aiguë compliquant une hypertriglycéridémie sévère.Un patient de 50 ans a été admis aux urgences pour épi-gastralgies d'apparition brutale avec irradiation postérieure évoluant depuis la matinée. Il présentait comme principaux antécédents une cardiopathie ischémique tritronculaire « stentée », une hypertension artérielle, une dyslipidémie, un tabagisme actif estimé à 40 paquets-années, une obésité morbide (indice de masse corporelle à 40 kg/m²), un syndrome d'apnée du sommeil appareillé, un trouble bipolaire de type 2 et une thyroïdectomie. On ne retrouvait pas, à l'interrogatoire, la notion d'éthylisme, ni de prise de neuroleptique. Son traitement habituel comprenait aspirine, prasugrel, ivabradine, amlodipine, valsartan, methyldopa, ézétimibe, cynomel, levothyrox, esoméprazole, venlafaxine et dépa-mide. Aux urgences, la symptomatologie était dominée par des douleurs épigastriques intenses, estimées à 9/10 sur une échelle numérique, malgré la prise de tramadol. L'examen clinique ne retrouvait pas de défense, mais il était gêné du fait de l'obésité. La tension artérielle était à 194/118 mmHg, la fréquence cardiaque à 81/min, la SpO 2 à 90 % en air ambiant chez un patient eupnéique. La température était à 37,7°C. Le bilan biologique réalisé aux urgences retrouvait une lipasémie à 1359 UI/l (limite supérieure du laboratoire : 300 UI/l), une cholestase isolée avec une élévation des phosphatases alcalines et des GammaGT respectivement à 216 UI/l (limite supérieure du laboratoire : 110 UI/l) et 114 UI/l (limite supérieure du laboratoire : 55 UI/l) sans élévation de la bilirubinémie, une hypertriglycéridémie à 101 mmol/l, une hypercholestérolémie à 13,5 mmol/l, une hyperglycémie à 16,3 mmol/l, une natrémie corrigée à 156 mmol/l, avec une correction tenant compte de l'hypertriglycéridémie [3], pour une osmolarité calculée à 331 mOsm/l, ainsi qu'une hyperleucocytose à 13,39 G/l. La protidémie était à 78 g/l et l'hématocrite à 40 %. La TSH-us était à 3,6 mUI/l (normes du laboratoire comprises entre 0,270 mUI/l et 4,900 mUI/l). La créatininémie était à 108 μmol/l, l'urée plasmatique à 3,5 mmol/l. Le reste de la biologie ne retrouvait, ni cytolyse hépatique, ni hypercalcé-mie, ni augmentation des LDH. Sur l'ionogramme sanguin, les bicarbonates étaient à 16 mmol/l, alors que sur gazomé-trie artérielle ils étaient calculés à 26 mmol/l pour un pH à 7,45 sans augmentation du trou anionique plasmatique. La gazométrie artérielle réalisée en air ambiant retrouvait par ailleurs une PaO 2 à 60 mmHg pour une PaCO 2 à 38,5 mmHg. La bandelette urinaire retrouvait une glycosurie à deux croix sans cétonurie asso...