Étudier les différents lieux possibles (en dehors de la page de titre) de l’apparition du nom d’auteur dans les livres du XVII e siècle (et notamment les approbations et les privilèges de librairie), ainsi que les autres noms propres qui si fréquemment entourent cette apparition, fait voir l’anonymat comme mode de socialisation d’un nom d’auteur qui renvoie à l’affirmation d’une identité sociale, d’autant que le nom propre est fréquemment flanqué d’indications sur le statut ou la qualité de l’auteur. Aussi de telles mises en scène doivent-elles être étudiées en prenant en compte aussi bien le type de public (publics restreints ou plus larges) auquel elles s’adressent que leurs enjeux, sans restreindre ceux-ci à des stratégies d’auteur. Dès lors l’anonymat n’apparaît pas comme un régime autonome permettant de caractériser des types de productions scripturaires ou bien un rapport daté de l’auteur à son œuvre. À la place, on peut observer des jeux sur l’anonymat qui n’ont de sens que si un certain public peut les rapporter à un nom propre.
Nicolas SCHAPIRA Occuper l’office. Les secrétaires du roi comme secrétaires au XVIIesiècle L’office de secrétaire du roi au XVIIesiècle est ici analysé sous l’angle des possibilités d’action qu’il offre dans le monde social, à partir de deux cas, celui d’Anthoine de Laval, auteur du Dessein des professions nobles et publiques (1604), qui n’était pas secrétaire du roi mais a pensé l’unité des actions multiples qui ont tissé sa carrière à partir du modèle du secrétaire, et d’autre part celui d’un secré~taire du roi, Valentin Conrart, qui s’est non seulement forgé une position de pouvoir grâce à l’exercice réel de sa charge de secré~taire (homme de lettres, il s’était spécialisé dans la délivrance des privilèges de librairie) mais qui a de plus lui aussi construit plus largement son rayonnement socio-politique à partir de la même figure.Ainsi il apparaît que l’office de secrétaire du roi au XVIIe siècle emportait bien un certain pouvoir, bâti tout à la fois sur l’exercice de la charge, sur la pré~sence de l’officier au cœur de l’appareil d’État, et sur la construction symbolique constamment négociée de la valeur de l’office. Cet article incite donc à réévaluer la dimen~sion politique de cette réalité fondamentale~ment socio-politique qu’est l’office.
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