International audienceThe Microcredit Summit Campaign is composed of a varied network of actors. Since 1997, it has been advocating the recognition of microcredit as a tool to fight poverty. Portraits of “poor” clients are widely used in Microcredit Summit Campaign documents to represent borrowers and to support the claim of the efficacy of microfinance. For those who are represented, these portraits, considered here as a semiotic form, provide mediated access to the public sphere. Yet, biased modes of representation, they produce paradoxes of visibility which raise the issue of an ethics of representation.L’article analyse le cas de l’accès, multiplement médié, à l’espace public médiatique ouvert à la parole des « pauvres » par la Campagne du Sommet du microcrédit, réseau hétérogène d’acteurs qui engagent un plaidoyer actif en faveur de la reconnaissance du microcrédit comme outil efficace dans la lutte contre la pauvreté. La personne et la parole des « pauvres », saisies dans la forme sémiotique du portrait, circulent médiatiquement. Les modes de représentation et leurs effets de sélection produisent des paradoxes de la visibilité et soulève la question d’une éthique de la représentation
Les portraits d'emprunteuses sont omniprésents dans la communication des organisations de la microfinance. Analyse de leurs caractéristiques, usages et enjeux
Odile ValléeL'état de la Campagne du Sommet du microcrédit : décrire pour prescrire Le microcrédit est une pratique financière qui a émergé dans le courant des années 1970. D'abord l'oeuvre de petites structures disséminées dans le monde, ces méthodologies, originellement centrées sur le prêt de petites sommes d'argent, moyennant intérêts, à des populations pauvres en vue de la création d'une activité productive, se sont institutionnalisées (Ledgerwood, 1999 ; Armendariz et Morduch, 2005). La densification et la variété des acteurs et des services financiers proposés ont favorisé l'émergence du secteur d'activité de la micro-finance. Il compte plus de 94 millions de clients. Les 1 400 institutions de micro-finance recensées par le Mix Market, institut statistique de référence, présentent un encours de prêts de 78 milliards de dollars 1 . Cependant, la mécanique et l'efficacité des services financiers offerts, les pratiques des acteurs engagés -prestataires et clients -et les discours de justification formulés sont sujets à polémique. En effet, à l'apothéose constituée par l'attribution du Prix Nobel de la Paix en 2006 à l'économiste bangladais Muhammad Yunus, le réputé fondateur du microcrédit, et les emprunteuses de Grameen, sa banque dédiée à cette activité, ont succédé plusieurs crises. Les détracteurs dénoncent notamment les pratiques abusives de recouvrement des prêts, le surendettement d'emprunteurs et les entrées en bourses fructueuses d'institutions de micro-finance (Roodman, 2011). Ces problèmes reflètent le conflit entre deux vocations (Morduch, 2000 ;Johnson, 2009) qui traversent le secteur et organisent les pratiques et les discours de ses acteurs. La micro-finance n'est considérée, d'un côté, que comme un outil financier permettant l'inclusion financière de personnes défavorisées. De l'autre côté, elle doit permettre de lutter activement contre la pauvreté.La « Campagne du Sommet du microcrédit » (que nous désignerons parfois sous la forme abrégée « La Campagne ») a joué un rôle déterminant dans la défense de cette seconde perspective. L'expression « Campagne du Sommet du microcrédit » désigne à la fois une organisation et une stratégie d'action 1. Source (consulté le 7 mars 2017) ; les données sont de 2011.
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