Si l’histoire des arbitres constitue un nouveau champ de recherches dans une histoire du football ayant atteint l’âge de sa majorité, l’essentiel des travaux se décline pour le moment au masculin autant qu’il concerne les « athlètes de l’arbitrage », évoluant au plus haut niveau du monde professionnel. Par-delà ce parti pris historiographique, cette invisibilité tient avant tout à la sociologie d’un football qui demeure un bastion de la masculinité : au 30 juin 2017, la Fédération Française de Football (FFF) ne compte que 159 128 licenciées (toutes catégories d’âge et fonctions confondues) sur un total de 2,16 millions de licencié·es. En 2014, moins de 2 % des arbitres sont des femmes (682 sur 27 343). Au cours de la saison 2018-2019, seules Stéphanie Frappart et Manuela Nicolosi évoluent dans le championnat professionnel de Ligue 2, la première au centre, la seconde en tant qu’assistante. Les pionnières de l’arbitrage, à l’image de Corinne Lagrange, Ghislaine Labbé ou Nelly Viennot ne semblent guère avoir fait d’émules depuis le milieu des années 1990 : en dépit de récents plans de féminisation du football, le rectangle vert demeure un « plafond de verre ». Prolongeant des travaux très contemporains français ou étrangers, cet article se propose, par l’étude de deux parcours biographiques (Ghislaine Labbé et Stéphanie Frappart) d’observer à l’intervalle d’une génération, la place singulière occupée par ces femmes de l’ombre. La consultation de la presse sportive, des archives de la FFF et les entretiens conduits permettent de retracer leur trajectoire personnelle et sportive : en identifiant les facteurs ayant contribué à leur ascension puis leur maintien au sein de l’élite par la fabrication d’une expertise ; en examinant leur relation à l’institution, à leurs pairs et aux hommes lors des matchs ; en interrogeant par le jeu de la comparaison les singularités et traits communs de leur carrière respective. À ce titre, le fait que Stéphanie Frappart soit devenue la première femme à arbitrer un match de Ligue 1 le 28 avril 2019 semble plus avoir valeur de « symbole » (au moins dans son traitement médiatique) qu’il n’incarne une rupture véritable.
Résumé L’histoire des styles du jeu constitue pour l’historien du football un territoire encore peu exploré, surtout lorsqu’on s’intéresse aux formes originelles accompagnant l’implantation du football-association au Nord de la France. Seule la consultation de la presse sportive régionale permet d’identifier l’émergence puis la lente maturation de styles de jeu caractéristiques, de la fin du xix e jusqu’à l’avènement du professionnalisme, au seuil des années trente. Si les styles de jeu des équipes nordistes empruntent généralement aux schémas classiques (« kick and rush » puis WM), ils se distinguent parfois par un engagement physique excessif et un « culte de l’offensive » qui expliquent en partie la popularité précoce du football dans le Nord et le Pas-de-Calais. Dans les années vingt, les impératifs de la compétition modifient les schémas jusque là employés et déplacent le « centre de gravité » du jeu de l’avant vers le milieu de terrain. Moins spectaculaire, le jeu des équipes nordistes gagne en efficacité. Les joueurs doivent désormais se soumettre aux impératifs de l’entraîneur et développer des qualités physiques et tactiques spécifiques, selon la nature du poste occupé. Les considérations sur les styles de jeu intègrent progressivement la dimension du spectacle sportif et participent à la construction identitaire des clubs étudiés.
L’implantation de la pratique du football-association dans le département du Pas-de-Calais est la conséquence de phénomènes originaux et complexes : l’importation du modèle anglais bénéficie d’un « terreau » favorable, constitué par un maillage serré de sociétés de jeux traditionnels puis de gymnastique et de tir, à partir de 1872. Cette prédestination sportive permet au football-association de s’enraciner à partir de pratiques scolaires, régimentaires, et enfin au sein des premiers clubs : la fondation de l’Union Sportive Boulonnaise (1898), du Racing Club de Calais (1902) ou du Racing Club de Lens (1906) et leurs évolutions respectives permettent de mieux comprendre le processus de structuration du football nordiste ainsi que sa géographie. À la veille de la première guerre mondiale, le football-association est déjà plus qu’une simple pratique sportive, à partir des compétitions organisées par l’USFSA. Il permet l’expression de nouvelles formes de sociabilité et assure la promotion de valeurs originales, tout en affirmant sa dimension populaire.
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