La mort défaite Rites funéraires du candomblé Patricia de Aquino Juin 1988. Xangrilá Rosa, bourgade semi-rurale de la grande banlieue de Rio de Janeiro, ignorée des cartes officielles et prétendue dangereuse pour sa misère endémique, son lot commun de banditisme et l'insalubrité des lieux où sévit la dengue, illumine la nuit de montgolfières sur lesquelles on peut lire « Odun Xangô », carton d'invitation à la fête donnée en l'honneur de Xangô1, divinité de la foudre, originaire d'Afrique. La moiteur qui se dégage des pluies sporadiques et torrentielles, drainées avec une constance têtue par l'hiver carioca, infiltre les murs de la maison de notre hôte qui s'affaire autour de la gazinière pour nous réchauffer de ce cozido-sorte de pot-au-feu-succulent dont il a le secret, avant de se rendre à la cérémonie où, « protégé » de Xangô et Maître des tambours, il conduira les festivités. Il y a plus d'un demi-siècle, Luiz Bangbala Angelo da Silva était instruit dans les traditions afro-brésiliennes, à l'art de moduler la voix des tambours sacrés qui convient les dieux à danser parmi les hommes en « montant à la tête » de leurs élus. Bangbala, je l'avais rencontré trois ans plus tôt « caressant le cuir » des tambours de la « maison de candomblé » dirigée par ma tante, initiée à des pratiques sacerdotales fort peu catholiques qui lui avaient valu sa mise au S2 ban de la famille. Ce « jeune » mulâtre impénitent, de soixante-dix ans, 5) v> ÜJ Je remercie Bruno Latour pour ses commentaires et son soutien sans réserve. Que soient aussi qm remerciés Anne Christine Taylor pour ses conseils judicieux, et l'équipe du séminaire des américanistes qui a accueilli une première version de ce texte, ainsi que Philippe Descola pour sa relecture patiente et systématique. î^ 1. La transcription des termes en langue liturgique respecte l'usage orthographique du portugais brési-Q lien. En revanche, nous signalons l'étymologie des expressions originaires de langues africaines (yoruba,^ kikongo, kimbundo) quand elle est connue, explicitée par la population étudiée, et/ou fournit des infor-\m, mations pertinentes pour éclairer certaines pratiques. KUJ L'HOMME 147/ 1998, pp. 81 à 104 au regard espiègle et à la truculente érudition, est ainsi qu'avec humour il aime à se présenter une des « archives vivantes » du patrimoine musical de ces cultes. Notre soirée prit une tournure inattendue lorsque Oiá Ina « Mère de feu »-nom initiatique-appela au portail la voix entrecoupée de sanglots : sa soeur, initiée depuis plus de soixante-six ans, venait de décéder. J'allais me retirer pour les laisser préparer les rites funéraires, lorsque Bangbala m'apostropha: «cette jeunesse doit apprendre...» Quinze jours plus tard je participais à mon premier axexê. J'ignorais alors que d'autres suivraient. Candomblé : atelier de fabrication de la vie Le candomblé2 intègre le vaste champ défini par la notion de « cultes de possession afro-brésiliens ». Au sein de la multiplicité des formes d'expression religieuse brésilienne, le « peuple du candomblé » se démarque des c...
Résumé Les rites sacrificiels et de possession caractérisant le candomblé ont longtemps été stigmatisés dans l’imaginaire de la société brésilienne. Le processus, tout en tension, de légitimation religieuse du candomblé couvre une période historique relativement courte – un siècle – liée à l’émergence des supports de communication de masse. En effet, les relations des adeptes et des médias sont complexes et ambivalentes, constituées à la fois d’antagonismes et d’éléments de reconnaissance selon les contextes et les périodes historiques : radiodiffusion de musique à matrice religieuse afro-brésilienne tel le samba, publication de photoreportages à finalités sensationnalistes, réhabilitation cinématographique de traditions... Cet article s’attache à examiner les aspects diachroniques et dynamiques d’appropriation des médias par les acteurs religieux, depuis les gazettes locales jusqu’aux réseaux sociaux d’Internet. Seront particulièrement explorés, les évolutions de leurs stratégies de visibilité, leurs modes sélectifs de production et leurs formes de réception.
L’analyse des usages d’amulettes ( patuás et mandingas ) dans la capoeira montre que ces formes du souci de soi renvoient aux techniques de fabrication des corps propres aux rites du candomblé . Scarifié et ouvert, pour être « fermé » et protégé, le corpo fechado afro-brésilien est appréhendé en dehors des clivages dualistes (âme/corps, contenu/contenant). Dans l’univers afro-brésilien, la notion de clôture se décline ainsi comme mise en œuvre de frontières.
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