Renaud Robert, Ars regenda Amore. Séduction érotique et plaisir esthétique : de Praxitèle à Ovide, p. 373-438.
On décèle dans la version ovidienne du «mythe» de Pygmalion des échos de la critique d'art et de l'ecphrasis hellénistiques. On peut ainsi remonter aux traditions concernant l'art de Praxitèle ou aux traités d'Apelle fondés sur la notion de charis. Le récit d'Ovide combine deux motifs. 1) Un homme tombe amoureux d'une statue ou d'un tableau. 2) L'œuvre qui rivalise avec la nature semble devoir s'animer. La séduction exercée par l'œuvre d'art est une preuve de sa perfection et de sa capacité d'illusion. Les artistes du IVe siècle, tout en restant tributaires d'une conception mimétique de la représentation plastique, ont désiré atteindre une perfection supra naturam et ont voulu recourir aux plus beaux modèles de leur temps. Les notices biographiques conservées par la tradition évoquent la passion amoureuse de certains d'entre eux pour des courtisanes célèbres et rappellent que pour Aristote l'état d'esprit qui a présidé à la création d'une œuvre rejaillit sur elle. Séductions esthétique et érotique sont ainsi sciemment confondues. Dans un contexte où l'art semble voué à célébrer la maiestas des dieux et celle du prince, les références artistiques d'Ovide paraissent singulièrement provocatrices. Au moment où Virgile manifeste son scepticisme à l'égard des spirantia signa, Ovide proclame sa confiance dans la felicitas des artistes.
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