Introduction : un lieu dans la ville Le 30 mars 2010, le « Carrefour » ferme. Qu'on se le dise ! Le Vieux Henri et Ma Hono remettent leur commerce. « Mère » est fatiguée. Il y a cet escalier, entre la cuisine au sous-sol et la salle, que ses genoux ne supportent plus. Et puis c'est la crise, les clients ne consomment plus comme avant. Quelques habitués sont venus pour ce dernier soir, pour assister à la transaction, pour dire au revoir. Il n'y a pas grand monde, c'est la semaine de Pâques, certaines clientes ou devraiton dire, habituées, amies, soeurs ont des activités à l'Église ou font carême. Et puis, c'est durant toute la semaine que les clients se sont succédé… Depuis des semaines, on se demande quel sera désormais notre lieu d'« atterrissage » à Matonge. Matonge, du nom d'un quartier de Kinshasa 2 , est constitué de quelques rues autour de la chaussée de Wavre et des galeries d'Ixelles, à Bruxelles (commune d'Ixelles), métro Porte de Namur, non loin de l'ambassade de la République démocratique du Congo (RDC), des institutions européennes et du très cossu quartier Louise. Aux côtés des ngandas 3 et restaurants, on y trouve des magasins de pagnes, de chaussures, de sacs, de perruques ou de tissages. Les salons de coiffure pour hommes, femmes ou enfants, sont pléthores, de même que les call shops, les cybercafés et les bijouteries. Jusqu'il y a peu, un centre culturel organisait aussi régulièrement des rencontres littéraires, des conférences et des expositions. Si la « griffe » du quartier est congolaise à l'instar de l'arrêt de bus (chaussée d'Ixelles, à la sortie du métro porte de Namur) mentionnant « Matongé-Porte de Namur » et de la gigantesque toile du peintre congolais Cheri Samba (Jewsiewicki, 2003) représentant, au sommet d'un bâtiment, la vie de Matonge