La réduction des dépenses de fonctionnement dans les communes s’impose comme un impératif. Elle soulève des problématiques inédites qui bouleversent la gestion de ces organisations. L’objet de cette recherche est d’étudier comment quelques rares communes innovantes parviennent à réduire ces dépenses. Pour y parvenir, cet article analyse les stratégies contenues dans les programmes d’économies définis durant la période 2014/2018 dans dix communes de plus de 50 000 habitants. Les résultats démontrent que l’amélioration de l’efficience est privilégiée pour réduire les dépenses de fonctionnement. Cependant, compte tenu du montant des économies devant être obtenues à court terme, ces efforts sont complétés par des mesures de réduction de l’offre de services et des subventions.
Afin de faire face aux contraintes financières, les collectivités locales ont engagé des démarches de transformation de leurs modèles de prestation. Des projets de digitalisation ont ainsi été initiés afin de moderniser leurs modes de fonctionnement. D’un point de vue théorique, la digitalisation favorisait des transformations organisationnelles permettant de réduire les coûts, de diminuer la taille des organisations, en les rendant plus plates, moins complexes et moins consommatrices de ressources. Pour les usagers, la modernisation des modes de fonctionnement favoriserait la réactivité, l’accessibilité et la disponibilité des services. Pour autant, en France et à l’international, les études portant sur la gestion de l’austérité n’explorent pas de manière spécifique l’influence de la digitalisation. Elles sont plus globales et s’intéressent davantage au package de mesures contenues dans les plans d’économies. Si certaines illustrations de démarches de digitalisation sont mentionnées, elles ne rentrent pas dans le détail des effets concrets de celle-ci sur la performance de ces organisations. Face à ces limites, notre recherche se propose d’étudier les relations entre gestion de l’austérité et digitalisation afin de comprendre dans quelle mesure la digitalisation contribue à faire face à la raréfaction des ressources dans les collectivités locales. La revue de la littérature nous permet d’établir un cadre conceptuel reposant sur deux dimensions : le caractère incrémental ou transformationnel de la démarche de digitalisation et la dominante front office ou back-office des processus et activités impactés. À partir de cette grille d’analyse, notre recherche se propose d’étudier dans quelle mesure la digitalisation contribue à faire face à la raréfaction des ressources. Pour y répondre, une étude est réalisée dans 13 collectivités locales ayant initié des plans d’économies comportant des projets de digitalisation. Notre recherche exploratoire est soutenue par un recueil de données qualitatives mobilisant des entretiens semi-directifs auprès d’interlocuteurs identifiés dans des programmes d’économies et des projets de digitalisation. Nos résultats montrent que les projets de digitalisation sont envisagés avant tout dans une logique d’amélioration de l’efficience pour générer des économies de fonctionnement. Si ces projets ont jusqu’à présent consisté à dématérialiser des processus et activité de back office , ils s’orientent aujourd’hui vers les processus et activité de front office . La logique incrémentale reste quant à elle dominante, même si des réflexions de transformation des modèles de prestation commencent à émerger. Toutefois, les économies réalisées en pratique sont parfois nuancées par des effets non pris en compte ou sous-estimés dans le design initial des projets. Notre étude révèle également que le succès des projets de digitalisation est conditionné par la capacité des collectivités locales à réinterroger leurs pratiques et à remettre à plat leurs processus. Ces résultats conduisent à proposer plusieurs préconisations afin que la digitalisation puisse véritablement accroître la productivité et qu’elle ne soit pas réduite à une contrainte technologique.
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