En s’appuyant sur une double expérience d’administrations de questionnaires auprès d’étudiants de Sections de technicien supérieur, l’article interroge la fausse neutralité des outils de mesure du sociologue. Le fort taux de non-réponses constaté pour certaines questions portant sur les choix scolaires invite à une réflexion sur les présupposés et les implicites contenus dans les formulations et les modalités proposés aux enquêtés, avant même que d’incriminer les modalités de la passation.
L'article montre que les difficultés d'usage des applications de gestion des affectations dans l'enseignement supérieur (APB hier, aujourd'hui Parcoursup), éprouvées par les élèves de terminale professionnelle et, plus largement, par les élèves des classes populaires, tiennent à un décalage entre deux façons de voir et de dire l'avenir scolaire et professionnel, chacune reposant sur une logique propre. L'application APB, loin de constituer un support neutre et transparent des choix des élèves, impose un langage singulier de ces choix (ce que nous avons appelé la « logique formelle » de l'orientation, en nous inspirant de Basil Bernstein) qui va favoriser ceux qui parlent la même langue (les bacheliers d'origine supérieure principalement) et qui va tenir à distance voire disqualifier les pratiques et les représentations de ceux qui arborent une autre logique, que nous avons appelée la « logique commune » de l'orientation.
Mots-clés (TESE) : choix des études, orientation, enseignement supérieur, formation et enseignements professionnels, situation sociale 3 Cette enquête a été financée par le conseil régional des Pays de la Loire et par l'université Paris 8.
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