Cet article traite de la culture alimentaire kosovare sous l’angle des habitudes, des préférences et des choix. En se fondant sur des études de cas, il propose une brève analyse des liens que le partage de la nourriture permet de tisser dans un ensemble plus vaste de relations sociales. Une analyse de la culture alimentaire menée dans le contexte de la « vie quotidienne », avec une approche de bas en haut, bottom‑up , du changement culturel, ne peut qu’enrichir l’anthropologie de l’Europe du Sud‑Est. Cette ethnographie de l’« ordinaire » nous éclaire sur le changement et la transition dans les sociétés postsocialistes. Dans le Kosovo d’après‑guerre, les changements politiques, économiques et sociaux ont élargi les possibilités de choix en introduisant une grande variété de nouveaux produits alimentaires. Or il semble bien que, dans le contexte domestique, les goûts et les préférences alimentaires n’aient pas beaucoup changé.
Le restaurant, pense‑t‑on souvent, ne fait que satisfaire un besoin physiologique et n’aurait donc pas évolué au cours de l’histoire. Pourtant, les principales caractéristiques attendues d’un restaurant – les tables individuelles, la carte du menu, les horaires – ne sont ni universelles ni atemporelles. Elles résultent d’un développement historique spécifique, associé à l’émergence de l’individualisme moderne, et favorisé par la commercialisation médicale du culte de la sensibilité qui marque le XVIII e siècle.
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