La théorie eliasienne sur le sport s’inscrit dans une dimension civilisationnelle qui ne peut être interrogée autrement qu’à partir d’enquêtes de moindre envergure, empiriques surtout. Cette contribution va dans ce sens et cherchera moins à prétendre à sa falsification qu’à la mettre à l’épreuve d’un objet spécifique sur un terrain particulier, celui des violences (physiques, verbales) survenues dans le cadre du football amateur. L’article avancera que ces comportements relèvent davantage du registre du résiduel, de la rareté et de l’aléatoire. Il montrera, en s’appuyant sur les résultats d’enquêtes menées dans le cadre d’une thèse de doctorat, que l’occurrence et la récurrence des faits impliquent nécessairement d’inscrire la démarche dans une perspective micro-située. En effet, la statistique interroge plus qu’elle n’apporte de réponses. Les logiques de sanction incriminent/discriminent plus qu’elles n’éclairent les conditions de production des violences et les contextes de pratique les plus concernés ne permettent d’entrevoir qu’un ensemble de conditions favorables aux violences sans garantie d’accéder aux passages à l’acte. Il semblerait que les logiques d’autocontrôle se jouent aussi et surtout en situation. Ce postulat fondé sur les résultats de plusieurs enquêtes a conduit à mobiliser les apports de la sociologie configurationnelle d’Elias dans une dimension acteur/situation.

Le basculement du free fight au mixed martial arts (MMA) se traduit par la mise en place d’un cadrage réglementaire amorçant, dans les années 2000, son institutionnalisation. En France, il n’existe pas de fédération dédiée organisant la pratique alors que se développe une pratique amateur sans que celle-ci ne soit jamais finement étudiée. Comment se structurent et s’organisent les pratiques dans ces clubs ? Qui sont les pratiquants et qu’y font-ils exactement ? Pour apporter des éléments de réponse, cet article s’appuie sur une enquête empruntant à la démarche ethnographique menée auprès de deux clubs affiliés à l’étranger au MMA. Cette contribution ne doit pas seulement à la spécificité de son terrain. Elle tient surtout à la mise en perspective des données ethnographiques évaluées à l’aune d’une discussion de la sportivisation, dé-sportivisation. Entre conformisme au modèle sportif classique et revendication d’exceptionnalité, entre un sport bâti sur la mise en scène de l’affrontement « violent » dans lequel le combat occupe une place réduite à la portion congrue, entre une discipline dont les origines prônaient l’absence de règles devenue sur nos terrains une pratique rigoureusement contrôlée, le MMA ici observé semble relever d’une pratique physique dite « sportivisée ».

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