Le paysage sociolinguistique plurilingue au Cameroun présente des originalités langagières dont la pertinence interprétative dépend de la prise en compte de la notion de frontières à respecter / franchir ou bien à évacuer, pour laisser s'exprimer l'inventivité caractéristique de la dynamique plurilingue des locuteurs. Le francanglais / camfranglais traduit cette originalité depuis les années soixante-dix grâce à des pratiques qui, d'un point de vue systémique, convoque presque toutes les langues du Cameroun, environ 300. Dans une perspective interlinguistique, plusieurs travaux appréhendent cette dynamique sociolangagière sous l'angle de l'alternance / mélange de langues alors que pour d'autres, il s'agirait de représentations. Or tout cela est adossé à une conception sémiotiste de la frontière. Cette contribution vise à mettre en perspective une approche différente, ontologique, qui consiste à situer les frontières en rapport avec le caractère changeant et évolutif des usages langagiers plastiques. Dans cette logique, faut-il se limiter à des critères matériels? Quelle serait la part de l'invisible dans ce processus? Ne peut-on envisager le «sentiment de légitimité» comme critère pertinent pour catégoriser une «langue»? Si tel est le cas, quelle place réserver à la sensibilité du locuteur dans l'élaboration de «langues»? Pour répondre à ces interrogations, je prendrai appui sur mon expérience de chercheur sur les «langues» au Cameroun et locuteur du francanglais. Ma réflexion aura comme déclencheur des extraits de textes de rap et d'afro rnb proposés par de jeunes artistes camerounais (Locko, Maahlox le Vibeur) très populaires au Cameroun ces dernières années.
La crise de l'apprentissage en Afrique francophone subsaharienne. Regards croisés sur la didactique des langues et les pratiques enseignantes, Peter Lang, 449 p.
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