Cette étude sociolinguistique des discours de trois couples franco-éthiopiens s’ancre dans une approche d’un bilinguisme individuel vu comme une pratique sociale. Les six enquêtés vivent au quotidien des interactions verbales marquées par l’asymétrie des répertoires langagiers et par la pluralité des langues/cultures convoquées : après s’être rencontrés en anglais, ils vivent aujourd’hui principalement en français, langue marginale en Éthiopie. L’importance des langues en tant qu’attributs ethniques dans le contexte urbain et plurilingue qu’est Addis-Abeba, fait identifier quelques enjeux du « faire couple » pour les six enquêtés et justifie du recueil de récits biographiques pour l’analyse de leurs interactions langagières. L’analyse discursive des six entretiens rend compte des interprétations des principaux événements communicatifs relatés, entre espaces privés et espaces publics, entre espaces francophones et amharophones. L’exolinguisme oblige ainsi à recourir à des stratégies de communication qui ont la particularité d’être à la fois insécurisantes pour chacun et fortement structurantes pour le couple. Les résultats montrent que lorsque les enquêtés évoquent des situations dans lesquelles leur compétence linguistique est minimale, leurs discours font le plus souvent référence aux identités et aux cultures de chacun. Mais lorsqu’ils relatent des événements dans lesquels l’asymétrie est moindre, ils centrent davantage le propos sur la compréhension verbale. Se dessinent alors des pratiques langagières distinctes selon la valeur accordée aux notions de face et de diversité : ces pratiques participent à la construction d’identités qui trouvent leur cohérence dans la mixité elle-même.
Nous chercherons à comprendre comment les acteurs réflexifs (praticiens et chercheurs) se transforment au sein d’une recherche collaborative interprétative en éducation, et sur quels domaines portent ces transformations. Cette dynamique parait particulièrement pertinente pour aborder des questions vives en éducation. Par le biais d’interprétations co-construites sur un temps long, la réflexivité partagée favorise, dans ce paradigme, l’« agir communicationnel » transformateur. Nous étudierons cette dynamique à partir de l’exemple de trois praticiens réflexifs, en nous appuyant sur une recherche portant sur l’inclusion des élèves allophones nouvellement arrivés en France. L’étude révèle que les transformations se jouent au cœur des écarts et des complémentarités entre savoirs savants et savoirs pratiques. Elles ont un effet sur le développement professionnel de tous les acteurs (praticiens et chercheurs), et plus largement sur leur implication dans la cité.
Cet article examine les pratiques langagières de quatre élèves allophones scolarisés en français depuis quelques mois dans un dispositif UPE2A dans deux écoles primaires urbaines françaises. Une approche ethnographique à visée sociodidactique fait examiner leurs modes d’interactions en classe d’accueil et en classe ordinaire, à plusieurs semaines d’écart. Les premiers résultats des observations permettent de dégager des invariants dans les postures de ces quatre élèves, quelle que soit l’école : on a pu constater une évolution du niveau de langue de tous les élèves, mais surtout une évolution quant à leur posture de locuteur francophone, d’apprenant, et d’élève. Cette progression dans le temps parait liée à des différences importantes entre leur manière d’interagir verbalement dans chacun des espaces didactiques. Ainsi, la diversité des situations communicationnelles et les repères qu’ils y associent favorisent ici la construction d’une posture active d’apprenant, et ce, même si la langue de scolarisation et ses normes restent finalement mal maitrisées.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.