Sac à vin, oeil de chien, coeur de cerf ! » L'Iliade s'ouvre, comme chacun sait, sur un torrent d'injures proférées par Achille à l'encontre d'Agamemnon qui l'a privé de sa part de butin -la belle Briséis. Loin d'être anecdotique, ce déchaînement verbal permet de poser, en guise de préambule, une série de questions fondamentales sur le rôle des paroles menaçantes dans le monde grec archaïque et classique 1 . 2Pour commencer, cette séquence inaugurale met en lumière la dimension processuelle du sujet. Car les paroles menaçantes n'éclatent jamais comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais s'inscrivent toujours dans des cycles d'actions et de réactions plus ou moins longs. En l'espèce, si le poème commence avec la fureur (mènis) d'Achille, cette colère en renvoie à d'autres en miroir et, en premier lieu, au courroux d'Apollon, outragé par le sort réservé à son prêtre Chrysès (v. 43 et 74), dont la fille Chryséis est tenue captive par Agamemnon. C'est là le début d'un cycle infernal : tandis que la mort rôde dans le camp achéen, le devin Calchas révèle à Agamemnon les raisons de la colère divine (v. 101 sq.). Le roi se sent outragé par ces paroles de mauvais augure, qu'il interprète comme des injures faites à son honneur (timè). Saisi par la colère, Agamemnon décide alors d'humilier Achille, son meilleur combattant, en exigeant qu'il lui donne sa propre captive, Briséis, de manière à compenser le renvoi de Chryséis à son père. C'est là que vient s'intercaler le flot d'insultes lancées contre Agamemnon par Achille qui fait ensuite le « grand serment » (mega horkos) de ne plus combattre dans les rangs des Achéens. Dans cette séquence, l'insulte apparaît donc comme un élément parmi d'autres dans un long cycle de « réciprocité négative », pour reprendre le vocabulaire cher aux anthropologues 2 .Paroles menaçantes et mots interdits en Grèce ancienne : approches anthropolo...
RésuméÀ la tête de la cité d’Athènes entre 317 et 307 av. J.-C., Démétrios de Phalère fut gratifié de multiples statues honorifiques. Alors que durant toute l’époque classique ces distinctions étaient octroyées avec une grande parcimonie par le peuple athénien, ce législateur satura le territoire civique de ses effigies, mettant à l’honneur de nouvelles formes statuaires – la statue équestre –, investissant de nouveaux espaces – les dèmes –, tout en limitant les autres manifestations monumentales dans l’espace public. Les effigies honorifiques furent davantage imposées que négociées ou, à tout le moins, furent octroyées de façon bien moins tatillonne par la communauté qui, au demeurant, avait été redéfinie de façon restrictive. Au fur et à mesure qu’elles envahissaient l’espace public, par un phénomène de compensation, les effigies de Démétrios de Phalère furent ainsi détruites, transformées ou avilies, selon des modalités variées qui permettent de dresser les contours d’une véritable culture de l’outrage, établie sur la longue durée. Au-delà du cas de Démétrios de Phalère, les statues honorifiques se révèlent en définitive des objets « bons à penser »: elles permettent à la fois d’articuler le temps court des ruptures politiques et des réformes législatives, mais aussi le temps long des rituels et de la mémoire civique. Leur étude implique de concilier l’approche anthropologique et la perspective institutionnelle, voire procédurale.
This chapter specifically aims to find a path that traverses — or a midway point between — both approaches to the study of the Greek world influenced by Actor-Network Theory and more traditional Durkheimian approaches centered on the city. It considers the model of the choros (as it was conceptualized by classical authors) as capable of offering a productive paradigm for understanding the mechanisms of belonging at work within Athenian civic society during the classical period. The choral reference also refers to a certain way of writing history—one inspired by the models of the novel and the choral film— that seems particularly fitting for describing the complex way in which the Athenian social sphere functioned. The article formulates the following hypothesis: a choral approach, at the crossroads between the specifically Greek conception of the chorus and the contemporary conceptualization of the chorus in the field of fiction, makes it possible to stay as close as possible to the ways in which the social sphere was composed, the formation of groups, and the identities at the various levels of community life. This hypothesis to put to the test by examining a unique moment in Athenian history: the years between 404 and 400.
Profondément déçu par les institutions civiques de son temps, Xénophon est à la recherche, dans ses écrits, d'hommes exceptionnels dont le pouvoir pourrait résister aux assauts du temps et assurer la sérénité des notables. Cette quête d'un chef idéal, souvent mélancolique, parfois désabusée, donne à l'œuvre de Xénophon l'un de ses fils directeurs : l'auteur élabore une construction intellectuelle complexe qui privilégie le charisme de l'homme providentiel sur les formes de domination légales ou traditionnelles. Dans l'oeuvre de Xénophon, le charisme ne relève pas d'une séduction ineffable, mais se construit autour de procédures et de techniques qui se laissent saisir à travers le concept protéiforme de charis - la grâce. Une telle notion, dont les connotations touchent à la sphère du don et de l'échange comme à celle de l'éclat et du charme, permet d'analyser ces pratiques en les resituant dans l'épaisseur de leur contexte social et culturel. Un tel parti-pris rend possible une approche transversale de l'autorité, dans la tradition d'une anthropologie politique raisonnée. Avec la charis comme fil d'Ariane, le pouvoir d'un commandant d'armée ou celui d'un roi puissant peut être utilement comparé à l'autorité du chef d'oikos sur sa maisonnée, voire à l'ascendant de Socrate sur ses disciples : aux yeux de Xénophon, l'ensemble de ces pouvoirs repose sur les mêmes fondements « charismatiques ». Le politique ainsi conçu, loin de se limiter à des principes abstraits, s'élargit dès lors à l'étude des pratiques sociales et culturelles pour ouvrir, en définitive, sur une histoire des émotions. Ainsi voit le jour une réflexion non institutionnelle sur l'autorité et ses mécanismes.
Pericles has had the rare distinction of giving his name to an entire period of history, embodying what has often been taken as the golden age of the ancient Greek world. “Periclean” Athens witnessed tumultuous political and military events, and achievements of the highest order in philosophy, drama, poetry, oratory, and architecture. This is the first book in more than two decades to reassess the life and legacy of one of the greatest generals, orators, and statesmen of the classical world. It provides an unforgettable portrait of Pericles and his turbulent era, shedding light on his powerful family, his patronage of the arts, and his unrivaled influence on Athenian politics and culture. It takes a fresh look at both the classical and modern reception of Pericles, recognizing his achievements as well as his failings while deftly avoiding the adulatory or hypercritical positions staked out by some scholars today. From Thucydides and Plutarch to Voltaire and Hegel, ancient and modern authors have questioned the great statesman's relationship with democracy and Athenian society. Did Pericles hold supreme power over willing masses or was he just a gifted representative of popular aspirations? Was Periclean Athens a democracy in name only, as Thucydides suggests? This is the enigma that the book investigates. In doing so the book offers a balanced look at the complex life and afterlife of the legendary “first citizen of Athens” who presided over the birth of democracy.
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