Depuis le xviiie siècle, architectes et responsables de musée se servent de l’éclairage naturel et artificiel pour éclairer les œuvres et les objets. Aujourd’hui, les praticiens tels que les muséographes, scénographes et concepteurs lumière, en font un outil pour construire des ambiances et guider le regard des visiteurs. Au-delà de mettre les œuvres en valeur, l’éclairage circonscrit ce que l’on montre et indique ce dont on parle. Néanmoins, le potentiel de l’éclairage – en tant que dispositif de médiation participant directement de l’expérience sensible et cognitive des visiteurs –, reste à montrer et à expliciter. Dans cette perspective, nous avons étudié le cours d’expérience des visiteurs dans la Grande Galerie de l’Évolution au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, qui présente une installation d’éclairage dynamique conçue comme une scénographie immersive. Les résultats mettent en évidence les apports de cette installation dans le processus de construction de sens et l’expérience visiteur. L’installation contribue à créer une atmosphère de bien-être, évoque les couleurs de milieux naturels, éclaire ou assombrit l’exposition pour favoriser ou limiter l’attention, agit comme catalyseur d’expériences interpersonnelles et contemplatives. Ces résultats nous encouragent à explorer les potentiels de l’éclairage en tant que dispositif de médiation.
Le pilotage dynamique de l'éclairage offre aujourd'hui de nombreuses possibilités de modélisation et de contrôle de la lumière. Ces technologies peuvent guider le regard Éclairer pour illuminer. L'éclairage, un dispositif muséal de médiation La Lettre de l'OCIM, 194 | 2021 Les couleurs du spectacle de la Grande Galerie de l'Évolution ont une influence directe sur la perception esthétique du pelage et des peaux des spécimens.
L'éclairage des musées apparaît comme un angle mort de la muséologie, où il est le plus souvent considéré comme un facteur de dégradation à maîtriser pour respecter les normes de conservation préventive. Pourtant, les professionnels de l'éclairage muséal revendiquent depuis plusieurs années l'étendue de ce qui est possible avec la lumière, au-delà de protéger et de valoriser les expôts : contribuer à la manière dont les visiteurs perçoivent et reçoivent ces expositions. Dès lors, la question des applications de l'éclairage au musée se pose. Comment la lumière naturelle et artificielle pourrait-elle être considérée sous d'autres perspectives que ses fonctions techniques en muséologie ? Cet article présente et discute les résultats d'une enquête qualitative menée auprès de vingt-et-un musées d'art en Europe. Les conclusions concordent avec la littérature en matière de conservation préventive, mais soulèvent aussi d'autres applications possibles comme l'interprétation et la médiation par la lumière. Ces résultats ouvrent la voie d'une réflexion en muséologie sur les usages communicationnelle de la lumière et suggèrent de nouvelles pistes d'étude de l'éclairage en tant que dispositif stimulant à part entière l'expérience et la compréhension des visiteurs.
fonction sensible, conçue pour participer de l'expérience incarnée et située -comme on peut l'observer dans des musées d'art 9 , par exemple.3 Aujourd'hui, cette tradition se trouve toutefois bouleversée. Depuis le XX e siècle, l'avènement de l'éclairage électrique et la patrimonialisation des sites sacrés transforment graduellement la pratique religieuse en expérience culturelle et touristique. L'éclairage artificiel intervient également comme un dispositif au service de la patrimonialisation -entendue ici comme la « résultante d'interventions et de stratégies concertées de marquage et de signalisation 10 ». L'espace intérieur paraît alors reprendre les codes du dispositif expographique, comme le rappelle Stéphane Dufour. Ce chercheur en sciences de l'information observe que, depuis les années 1977-1980, les programmes ecclésiologiques évoquent « un projet de type muséographique, c'est-àdire un ensemble de directives sur le choix et la disposition des objets, mis au service d'une intention initiale 11 ». Ce geste marque une conversion d'une expérience cultuelle à une expérience culturelle, éloignée d'une tradition propre à la lumière naturelle dans l'architecture sacrée. La chercheuse Isabelle Renaud-Chamska met en garde, par exemple, contre certains « effets esthétisants » qui « sont à manier avec beaucoup de précautions pour éviter des effets trop nettement muséologiques 12 ». L'éclairage artificiel peut en outre intégrer une dimension théâtrale et festive liée à la liturgie et aux rituels de célébration. La Crystal Cathedral de Garden Grove (1980 ; Californie) conçue par Philip C. Johnson (1906Johnson ( -2005 en est un exemple marquant 13 . L'éclairage artificiel n'est donc pas un épiphénomène de l'espace sacré : ses choix et ses dispositifs assument une place majeure dans ses formes symboliques, son évolution et ses pratiques modernes de transmission.
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