En prenant appui sur les travaux de plusieurs sous-champs des sciences sociales, cet article plaide pour une microsociologie des appropriations des idées politiques à travers l’exemple des idées féministes. La notion d’appropriation, empruntée à la socio-histoire de la lecture, permet d’envisager les reformulations et transformations des idées politiques à l’occasion de leurs circulations dans différents espaces sociaux. Elle conduit également à prêter une attention particulière aux conditions et modalités de réception ordinaire des idées politiques et aux logiques de politisation au principe de ces processus. À ce titre, les idées féministes constituent un terrain d’investigation particulièrement éclairant au regard de la multiplicité des formes de diffusion dont elles ont fait l’objet depuis les années 1970.
Appropriations des idées féministes et transformation de soi par la lectureViviane albenga et Laurence bachmann Résumé -En s'inscrivant dans la sociologie de la réception, cet article analyse les effets de la lecture comme support à la diffusion d'idées féministes chez les femmes des classes moyennes. En comparant les cas de lectrices issus de deux enquêtes de terrain, l'une sur des cercles de lecture lyonnais majoritairement féminins, l'autre sur des femmes sensibilisées aux questions de genre à Genève, nous proposons de comprendre comment des textes littéraires, de sciences sociales ou de développement personnel soutiennent des trajectoires de transgression, voire de subversion du genre. Ces processus sont rendus possibles par deux formes différenciées d'appropriation des idées féministes : la contestation des normes liées à la féminité hétérosexuelle et l'autonomisation matérielle et symbolique à l'égard des hommes.
Résumé À partir de l’observation participante de deux cercles de lecture à Lyon, cet article vise à mettre en évidence la pluralité des usages heuristiques du genre pour analyser les appropriations de ces pratiques collectives de lecture par leurs participants, ainsi que les autoreprésentations qui en découlent en termes de légitimité littéraire. La confrontation du genre comme habitus et du genre comme catégorie de pouvoir (selon la terminologie de Joan Wallach Scott) met au jour l’enjeu de distinction sociale à l’œuvre dans ces cercles de lecture, et par-là même, le rôle du genre dans les rapports sociaux de classe. Cet enjeu s’accompagne cependant d’usages sociaux de la lecture décalés par rapport à l’idéal de légitimité littéraire, usages qui se révèlent susceptibles de recomposer les habitus de genre.
Cet article collectif revient sur le bilan du quinquennat Hollande en matière d’égalité des sexes et des sexualités. Il s’applique à rappeler, certes, les débuts ambitieux et des avancées législatives incontestables, mais pointe aussi les renoncements et les contournements. La prise en charge de questions soi-disant « culturelles » ne saurait compenser les choix de politique économique et sécuritaire. Le raidissement du gouvernement socialiste sur l’égalité « républicaine » masque l’emprise du sexisme et du racisme sur les champs politique et médiatique et nie la pluralité des mouvements féministes contemporains.
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