On peut définir la sylviculture comme l'ensemble des interventions humaines sur un peuplement forestier, qui s'échelonnent depuis la régénération (naturelle ou artificielle) jusqu'à la récolte.Ces interventions n'apparaissent pas « neutres ' sur le plan génétique . En effet, excepté les éclaircies systématiques qui peuvent être pratiquées dans la phase juvénile du peuplement, l'établissement et la conduite des peuplements comportent des processus de choix qui peuvent modifier la structure génétique de départ . Il peut s'agir du choix de l'espèce, de la provenance de la variété du (ou des) clone(s), mais également du choix des arbres enlevés en éclaircie ou, à l'inverse, de la sélection des arbres de place ou des semenciers permettant le passage à la génération suivante.L'action du forestier cherche également à modifier dans un sens favorable le milieu : conditions microclimatiques (coupe d'abri par exemple), fertilité (fertilisation, drainage, travail du sol), niveau de compétition entre les arbres du peuplement principal, ou entre ces arbres et le sousétage, aussi entre ces arbres et la végétation basse indésirable . Ces conditions de milieu vont avoir un effet direct moyen >' identique pour tous les génotypes cultivés constituant le peuplement, mais aussi elles peuvent avoir des effets différents selon les génotypes considérés individuellement . Il y a dans ce cas interaction entre les génotypes et les conditions de milieu.En conséquence, une modification du milieu peut faire que des génotypes seront favorisés (ou défavorisés) plus que d'autres.Il apparaît alors nécessaire de prendre en compte la dimension génétique dans la gestion sylvicole, qu'il s'agisse de sylviculture traditionnelle ou, plus encore, de sylviculture plus moderne et plus intensive combinant à la fois le progrès génétique et les techniques de culture.Les augmentations spectaculaires des rendements agricoles intervenues dans les dernières décennies résultent à la fois de la création de meilleures variétés et d'une meilleure maîtrise du milieu . Le caractère assez récent de l'amélioration des arbres forestiers fait que ce type de réflexion synthétique à l'interface de deux disciplines -la génétique et la sylviculture -n'a pas encore été très développé . Martin (1977Martin ( , 1985, Destremau (1980), Touzet (1984 toutefois évoquent largement la perspective d'une sylviculture intensive à base de clones hautement sélectionnés.Le présent article pourra alors sembler largement prospectif ou spéculatif . Nous tenterons d'identifier, au cours des opérations sylvicoles qui jalonnent la vie du peuplement, les principales questions relatives aux interactions entre facteurs génétiques et sylviculture, et de proposer des éléments de réponse, notamment en fonction des progrès génétiques attendus.
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