Entré dans la modernité au XIVe siècle, le breton en sort à la fin du XIXe, quand le français devient l'autre langue de tous, sinon la seule. Entre ces deux bornes, cinq étapes montrent, à travers la diversité des productions, qu'aucun genre n'est étranger à la littérature bretonne : ouvrages d'édification religieuse mais aussi profanes ; œuvres savantes et populaires ; prose, poésie et théâtre ; écrits à usage officiel et idéologique... Des moines mendiants aux imprimeurs en passant par les jésuites ou les nobles fascinés par le romantisme de la Bretagne, tous les auteurs qui peuplent ce panorama apportent leur pierre à la construction d'une littérature considérée comme mineure, mais qui n'en assume pas moins le rôle de toute littérature : permettre au lecteur de comprendre sa condition humaine.
Afin d’éclairer la question de la genèse du breton, les auteurs définissent une méthode lexicométrique qui permet de déterminer exactement la proportion des éléments celtique, latin et roman dans un corpus donné. L’exemple choisi est le vocabulaire du Mirouer de la Mort, un poème religieux en moyen-breton. Après avoir trié les mots en fonction de leur fréquence, de leur nature grammaticale ou stylistique (mots outils - mots chevilles - mots référencés), il apparaît que le vocabulaire celtique fournit les mots les plus courants, et la majorité des mots outils, mais que la majorité des «mots référencés» est empruntée au roman ou au latin. L’analyse de ce corpus est enfin confrontée à celle de trois autres textes.
Environ deux cent cinquante textes attestent l’existence d’un théâtre en breton entre 1530 et la Révolution. Avant 1650, les mystères sont écrits dans un breton ornementé qui, influencé par la poésie latine, n’est pas sans rapports avec la statuaire et les vitraux du gothique flamboyant. Après le concile de Trente, l’influence des jésuites se fait sentir dans des productions plus proches de l’ auto espagnol que des tragédies raciniennes. Rédigées dans un breton influencé par le français distingué, ces pièces connaîtront le succès jusque vers 1850.
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