Les années d'apprentissage du jeune de L'Orme : l'hôtel Bullioud à Lyon.
Nous ne savons du voyage effectué par Philibert de L'Orme en Italie entre 1533 et 1536 que ce qu'il en rapporte dans son traité, publié seulement en 1567. L'examen précis des ordres mis en œuvre à l'hôtel Bullioud de Lyon, premier bâtiment construit lors de son retour en France, met en cause mainte affirmation du traité. Il apparaît en effet que Philibert ne maîtrise pas vraiment la grammaire des ordres, qu'il imite les formes romaines intuitivement, sans en comprendre vraiment le sens, et que ses sources d'inspiration sont de niveaux très divers. De Rome, de L'Orme a ramené un répertoire formel dont il ne comprendra le fonctionnement qu'après avoir pris connaissance du livre IV de Serlio, paru en 1537 ; le progrès que l'on peut constater à Saint-Maur (1541) et surtout à Anet (vers 1546) témoigne de l'importance prise par le traité de l'Italien, premier ouvrage en langue vulgaire exposant clairement la syntaxe du vitruvianisme.
Yves Pauwels, Les antiques romains dans les traités de Philibert de L'Orme et Jean Buttant, p. 531-547.
Philibert de L'Orme et Jean Bullant, deux des principaux architectes de la Renaissance française ayant fait le voyage de Rome, ont laissé dans leurs traités des témoignages contrastés de la perception des antiques au XVIe siècle. Bullant se limite aux exemples les plus fameux, alors que de L'Orme se plaît à reproduire des vestiges très atypiques, voire à faire passer pour antiques quelques produits de son imagination. Donnant dans ses relevés des mesures précises, il souligne la diversité des ruines; Bullant au contraire «corrige» les antiques en les soumettant au même type de représentation que les exemples théoriques, géométriquement parfait mais inexact par rapport à la réalité, et d'ailleurs en contradiction avec les indications que lui-même donne en marge. Ces deux types d'appréhension de
(v. au verso) l'antiquité témoignent de deux attitudes opposées, qui plus généralement séparent à la Renaissance artistes «réguliers» et artistes «libertins».
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