omme la plupart des disciplines constituant la science politique, l'analyse des politiques publiques s'est d'abord constituée par des emprunts successifs et par la mise au point d'un vocabulaire qui lui soit propre. Cette affirmation parfois contradictoire d'autonomie a débouché sur des notions (ou des « outils », selon l'expression consacrée) aussi connues que la grille séquentielle de Jones 1 ou sur l'usage de travaux classiques associés notamment à la question de la rationalité des décisions publiques 2 . Par la suite, en se rapprochant d'autres champs de la science politique, comme la sociologie de l'action collective ou les relations internationales, l'analyse des politiques publiques a, peu à peu, intégré de nouvelles influences et s'est ouverte dans le même temps aux controverses qui parcourent la discipline. C'est sans doute pourquoi elle s'est trouvée confrontée, depuis les années 1990, à l'influence dominante du néo-institutionnalisme en science politique ou, plutôt, des néoinstitutionnalismes, selon la classification admise depuis l'article de Peter Hall et Rosemary Taylor 3 . Or, ces problématiques nouvelles ont non seulement posé des problèmes d'intégration (comment croiser ces nouveaux instruments avec l'analyse séquentielle ?), mais également nourri des interrogations sur les éventuelles différences ou incompatibilités qui semblent caractériser les relations entre ces trois néoinstitutionnalismes.De manière plus précise, l'une des caractéristiques principales des problématiques soulevées par ces trois courants de la littérature contemporaine, spécialement anglo-saxonne, est d'avoir insisté sur trois séries de variables ou trois dimensions possibles pour l'analyse, formées par ce que l'on appelle parfois les « trois I ». Par cette expression, on désigne habituellement les trois ensembles d'éléments que sont les « idées », les « intérêts » et les « institutions ». Ces notions sont parfois diversement substantivées, on le verra, mais leur utilisation invite à s'intéresser de manière systématique à plusieurs dimensions souvent séparées de l'analyse. Si leur usage se fait souvent dans l'analyse de l'action publique, notamment de l'État providence, leur portée analytique ne se limite pas à ce champ de recherche et l'on en trouve la « trace » en relations internationales ou dans certaines études de politique comparée.Il est difficile de trouver un véritable « initiateur » à ce « modèle des trois I », cette expression étant sans doute d'ailleurs impropre en l'absence d'un véritable système cohérent d'analyse. Les références les plus fréquentes s'appliquent cependant aux travaux de Peter Hall dans ce champ précis des politiques publiques 4 , ainsi qu'à
European integration : the cognitive and normative approach This article seeks to ascertain the interest and limits of cognitive policy analysis by applying it to European integration. Cognitive analysis is based on the premise that public policies result from social interactions leading to the production of common ideas, representations and values. Often criticized because of its methodological limitations, this approach seems apt to be applied successfully to the study of the European Union on two basic levels. The cognitive approach is very useful for clarifying the process of the production of meaning, particularly in the case of major public policy changes brought about by European integration. In addition, it makes it possible to question European integration as a vehicle for the restructuring of public space and/ or the formation of apolitical community. The article proposes means of better use of the cognitive approach in the European framework, and affirms that the analysis of European integration should be an opportunity for more systematic articulation of the heavy variables of the "three I's" model (interests, institutions, ideas). From that perspective, ideas are merely one of several sets of variables, and the cognitive approach is one of various prisms to be used for the analysis of European integration.
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